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Effondrement des insectes : pourquoi tout le monde s’en fout ?
#insectes #biodiversite #ecossysteme
Article mis en ligne le 8 avril 2023
dernière modification le 7 avril 2023

On peut attribuer ce déclin à une combinaison de facteurs de stress causés par l’homme incluant la perte d’habitat, l’exposition chronique aux mélanges complexes d’insecticides, la diffusion de maladies non-indigènes, des premiers impacts du changement climatique...

Dave Goulson a toujours été intéressé par les insectes, ses premiers souvenirs remontent à l’âge de 5 ou 6 ans alors qu’il observait des chenilles à rayures jaune et noir grignoter les mauvaises herbes.
Par la suite, il s’est spécialisé dans l’étude des bourdons

Ils sont pour lui les insectes les plus attachants, "les bourdons sont des créatures intelligentes, les géants intellectuels du monde des insectes, capables de s’orienter, de mémoriser des points de repère, des emplacements des parcelles de fleurs, d’extraire avec efficacité les récompenses cachées dans les fleurs plus complexes" écrit-il.

Peu de gens comprennent à quel point les insectes sont importants pour notre propre survie écrit-il dans son dernier livre "Terre silencieuse" et encore moins à quel point ils sont beaux intelligents, fascinants, mystérieux et merveilleux. (...)

Des papillons aux bourdons

Plus jeune, le scientifique s’intéressait aux papillons. « Mais, je me suis rendu compte qu’ils étaient beaux, mais bêtes. À côté, les abeilles sont de grandes intellectuelles. Et, le bourdon a, lui, un système de navigation extraordinaire. Il mène une vie sociale très compliquée avec des conflits, des régicides… C’est dingue la vie des bourdons ! Et le plus important : écologiquement, en tant que pollinisateur, il a un rôle majeur. Mais le cafard ou le perce-oreille, même s’ils sont mal aimés, ont un rôle très important aussi. »
Un plaidoyer pour faire aimer les insectes

Le professeur anglais Dave Goulson passe beaucoup de temps à tenter de faire aimer les insectes (...)

En 2017, l’étude Krefeld

Une enquête menée par des entomologistes amateurs et professionnels qui ont capturé des insectes dans la campagne allemande pendant 27 ans a rendu des conclusions alarmistes : « Cela nous a donné des informations sur le long terme, sur toutes les espèces d’insectes volants. Quand j’ai vu les premiers chiffres, je ne voulais pas y croire : 76 % de déclin ! Donc, en Allemagne, environ les trois-quarts des insectes ont disparu pendant la moitié du temps de ma vie ! D’autres études sont d’ailleurs venues ont confirmé ces chiffres. Le plus inquiétant est que cet effondrement a dû commencer 50 ans auparavant. Donc nous assistons peut-être qu’à une partie de ce déclin… »
Des causes multiples

Dave Goulson, cette chute d’effectif des insectes provient « De l’agriculture qui a beaucoup changé. Elle est passée d’une pratique tranquille à une industrie qui emploie des produits chimiques : fertilisants, pesticides… Et les cultures ont augmenté. C’est impossible pour les insectes, dont les bourdons, de survivre. C’est sans doute la cause principale. Mais il existe d’autres facteurs : le réchauffement climatique commence à jouer sur la survie des bourdons. (...)

Ils se sont effondrés partout sur la planète, mais on regarde ailleurs

La situation des insectes sur la planète est vraiment critique… Et tout le monde s’en fiche. Pour Dave Goulson : « La plupart des gens ne pensent jamais aux insectes. Ils passent leur vie à gagner de l’argent, à s’occuper des enfants… Donc toutes ces petites créatures qui vivent tout autour d’eux, ou sous leurs pieds, et qui ont un rôle écologique vital… Ils ne les voient pas. Ils n’apparaissent pas dans leurs radars. Or, ces créatures font un travail énorme pour nous. Et qu’on le veuille ou non, notre destin est lié au leur. »
Il existe des solutions

« Il faudrait former les agriculteurs. Des solutions alternatives pesticides existent, et elles sont efficaces. Pendant des centaines d’années, cela a été le cas ! Et puis, on peut utiliser les insectes prédateurs. Pour lutter contre les constructions de maisons au détriment de la nature, on peut penser à planter des fleurs sauvages dès que c’est possible. C’est excellent pour les abeilles ! On doit laisser pousser des mauvaises herbes et se méfier des produits anti-parasitaire donnés aux animaux domestiques. Chez le vétérinaire, on leur recommande de mettre des colliers anti-puces même s’ils n’en ont pas. Or, les produits chimiques utilisés coulent le long du cou, du chien ou du chat, et ce sont des neurotoxines absolument terribles pour les insectes. Ce sont des néonicotinoïdes très puissants utilisés dans la nature. Mais ce n’est pas facile à dénoncer. J’ai moi-même été la victime de lobbie des pro-chimie. »

La suite est à écouter... (...)