
C’est le sixième en trois ans seulement. Avec une population de plus en plus soucieuse de l’environnement, la pratique pourrait bientôt concurrencer l’incinération et l’inhumation.
Vous voyez quand vous transformez vos épluchures de légumes en compost ? C’est pareil ! À votre mort, au lieu d’être incinéré ou inhumé, vous êtes enfermé dans une sorte de gros caisson rempli de copeaux de bois, de luzerne et de paille... En quatre à cinq semaines grâce à l’action des bactéries, le corps se décompose naturellement. (...)
À la fin, pour les éliminer on chauffe le tout à 55°C et vos proches peuvent récupérer l’équivalent de deux grosses brouettes de compost, environ un mètre cube très riche en nutriments, qui peut servir à pour planter des fleurs, faire pousser des légumes ou des arbres. On parle aussi de "réduction organique naturelle" ou de "terramation". (...)
L’entreprise américaine "Recompose", l’une des premières au monde sur ce créneau, assure que la terramation permet d’économiser environ une tonne d’émission de CO² par rapport à une incinération ou à un enterrement traditionnel. (...)
Le compostage humain permet aussi de désencombrer les cimetières et son coût, environ 7 000 dollars, n’est pas plus élevé que pour des obsèques classiques.
Une pratique qui se développe
Bien sûr, cette technique est encore loin d’être la norme aux États-Unis, mais cela va assez vite. Le premier État à l’autoriser c’était celui de Washington en 2019. Le Colorado, l’Oregon, le Vermont et la Californie ont suivi. (...)
À New York, les évêques catholiques s’y sont opposés, qualifiant la méthode d’"inappropriée". "Un processus qui convient parfaitement au retour à la terre des déchets végétaux ne convient pas nécessairement aux corps humains", a déclaré dans un communiqué Dennis Poust, directeur exécutif de la Conférence catholique de l’État de New York. "Les corps humains ne sont pas des déchets ménagers, et nous ne pensons pas que ce processus réponde à la norme de traitement révérencieux de nos restes terrestres." (...)
Mais les pratiques changent, les interdits religieux sont moins forts, les pratiques funéraires moins ritualisées. La NFDA, la Fédération américaine des agences funéraires prévoit que dans une dizaine d’années, en 2035, 15 % des Américains seulement choisiront un enterrement traditionnel.
En Suède, la terramation est légale. Au Royaume-Uni, c’est un peu différent mais on autorise les enterrements naturels, sans cercueil. En France, c’est interdit.