
C’est de Ouarzazate, ville rose, ville frontière avec le grand Sud marocain, que s’élança la caravane internationale de solidarité avec la lutte des femmes contre le microcrédit. Cette initiative impulsée par ATTAC/CADTM Maroc et l’association de protection populaire pour le Développement Social entend soutenir les 4.500 femmes qui se sont levées contre le microcrédit et les renforcer dans leurs luttes. Faire éclater l’isolement et la peur dans lesquelles tentent de les maintenir la microfinance en apportant dans les villes où elle passera la solidarité de femmes venues du monde entier, voilà ce qui fait battre le cœur de la caravane.
Son lancement fut à peine retardé par la fermeture inopinée de l’Hôtel de ville de Ouarzazate sensé pourtant l’accueillir… Après être parvenus à faire tomber par des chants, des you you et un plaidoyer soutenu le chaines qui entravait son accès, les militant-e-s prirent instantanément possession de la salle. Très vite, elle fut comble et décorées de banderoles, d’affiches et de slogans. Près de 150 personnes s’y étaient données rendez-vous. Pour l’essentiel, des femmes victimes des microcrédits mais aussi des habitant-e-s de Ouarzazate et de sa région venu-e-s les soutenir. Des slogans dénonçant dette et microcrédits, injustice et répression inaugurèrent cette soirée. Ensemble, en amazigh, en arable et en français nous avons criés : « Nous sommes des femmes et nous n’avons pas peur ! » « Crédits voleurs, vous avez pillé les pauvres ! », « Nos droits circulent dans nos veines, nous ne les oublierons jamais ! » et l’universel « So, So, So, Solidarité avec les femmes de Ouarzazate ! ».
Amina Mourad, coordinatrice de l’association de protection populaire pour le Développement Social dénonça d’emblée la mafia des microcrédits. Avec leurs contrats illégaux et leurs taux d’intérêts usurier, ils appauvrissent et oppriment la population tout en renforçant les discriminations envers les plus pauvres des pauvres : les femmes. Avec détermination et force, elle appela à continuer à résister et déclara : « Nous n’avons pas peur. S’ils nous ont préparé la prison, nous y irons pour défendre nos droits. Nous allons porter plainte contre les institutions de microcrédits qui tentent de nous faire taire et continuer à faire connaitre notre lutte. Si nous ne trouvons pas de soutien au Maroc, nous irons le chercher ailleurs ! ». Elle appela à l’unification des secteurs en lutte, au ralliement des mouvements des ouvrier/ères, des paysan-ne-s sans terre, des étudiant-e-s chômeurs/euses au combat des femmes victimes des microcrédits pour que partout s’élargisse la contestation populaire.
ATTAC/CADTM Maroc exprima par des mots et des concepts forts son soutien aux femmes victimes des microcrédits et retraçât les liens entre dette publique et microcrédits. « Les politiques néolibérales consécutives aux plans d’ajustement structurels ont détruit les services publics précipitant les marocain-e-s dans les ornières de la pauvreté et de l’exclusion. Le réseau CADTM présent à Ouarzazate et dans le monde continuera à faire connaitre les souffrances et la résistance des femmes victimes des microcrédits. En arrêtant de payer des crédits illégitimes, ce mouvement a démontré que la lutte contre les institutions qui s’enrichissent sur le dos des populations est possible. Cette lutte doit s’étendre et exiger, après la réalisation d’un audit de la dette publique, le non remboursement de sa partie illégitime. » (...)
Le lendemain, très tôt dans la matinée, victimes des microcrédits, membres d’ATTAC/CADTM Maroc et militantes africaines, latino-américaines et européennes du CADTM se donnèrent rendez-vous pour rejoindre la vallée du Draa. Pas moins de 17 taxis solidaires de la lutte contre les microcrédits les attendaient ainsi que des journalistes de TV5 et de la presse hollandaise. « Là-bas si j’y suis » sur RFI (Radio France International) suit quant à elle, à distance, la caravane. Elle diffusera sur ses ondes des émissions consacrées aux luttes contre le microcrédit des femmes de la région de Ourzazate |1|. (...)