
La semaine dernière, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a annoncé avoir été informée par Areva d’une anomalie de la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et du fond de la cuve du réacteur EPR en construction à Flamanville.
Areva et EDF se sont empressés de déclarer que de nouveaux tests allaient être réalisés sur cet acier, et que les travaux du chantier se poursuivaient. Les résultats des tests devraient être connus en octobre prochain.
Cet empressement à communiquer sur l’air de dire « tout va bien, nous reconnaissons le problème et agissons en conséquence » est une tentative pour détourner l’attention de la gravité de l’anomalie détectée. Car ce problème est grave. Très grave. Et les conséquences sont probablement colossales pour la filière nucléaire française.
Quelle est la nature du problème ?
L’ASN précise que les résultats des essais ont montré « la présence d’une zone présentant une concentration importante en carbone et conduisant à des valeurs de résilience mécanique plus faibles qu’attendue ». Concrètement, cela signifie que l’acier de la cuve et du couvercle est plus fragile que ce que prévoient les normes de sûreté. En effet, la présence trop importante de carbone rend l’acier plus cassant et sujet à des ruptures.
Cette cuve a été construite par Areva dans son usine du Creusot entre 2011 et 2012. L’anomalie est un problème de métallurgie qui est survenu au moment de la fabrication de ces pièces d’acier à partir de l’acier brut fourni par la fonderie. La cuve forme une pièce d’un seul tenant et il est impossible de la « rafistoler » lorsqu’il s’agit d’une anomalie dans la composition de l’acier. La seule solution pour régler le problème consiste à changer complètement la pièce. (...)
Areva n’a pas construit une seule cuve selon le procédé ayant produit de telles anomalies dans l’acier… mais six. Deux d’entre elles équipent la centrale nucléaire chinoise de Taishan dont le lancement est prévu à la fin de cette année. Deux autres ont été construites en prévision de la construction hypothétique d’une centrale EPR à Hinkley Point en Grande-Bretagne. Et la dernière était prévue pour un réacteur EPR aux Etats-Unis à Calvert Cliffs (Maryland), un projet aujourd’hui enterré.
Il est probable que les cuves de la centrale de Taishan présentent le même défaut. (...)
Ce dernier rebondissement est le coup de grâce porté au réacteur EPR. Le chantier de Flamanville doit être stoppé immédiatement afin de cesser de gaspiller des fortunes d’argent public dans ce cauchemar industriel. Car le bon choix pour le modèle énergétique de demain, comme de nombreux pays l’ont compris, ce sont les énergies renouvelables. Et ce choix devra être entériné dans la loi de transition énergétique.