Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
EDF sait-elle vraiment démanteler ses centrales nucléaires ?
Article mis en ligne le 9 janvier 2012
dernière modification le 5 janvier 2012

Que la France décide de maintenir ses centrales ou de sortir du nucléaire, le démantèlement des réacteurs est inéluctable une fois atteint l’âge limite. Interventions en milieu hostile, techniques complexes, pollutions radioactives, déchets encombrants, personnels irradiés, coûts exorbitants… Les premiers chantiers de déconstruction menés actuellement par EDF sont loin d’être maîtrisés.

(...) 0 réacteurs sont actuellement en cours de démantèlement [1]. Mis en service entre 1963 et 1986, ces réacteurs ont été conçus comme des prototypes, ne fonctionnant pas tous avec la même technologie. Ils sont moins puissants que ceux actuellement en service (sauf Superphénix), et ont relativement peu fonctionné : entre dix et vingt-quatre ans pour la majorité d’entre eux. (...)

EDF avait choisi de prendre son temps pour démanteler ces 10 réacteurs : vingt-cinq à cinquante ans, voire au-delà, après leur mise à l’arrêt définitif. Le temps que la radioactivité accumulée en leur sein diminue. Mais, à la faveur d’un avis de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’électricien change de stratégie en 1999 et opte pour le démantèlement « immédiat ». En 2001, le Centre d’ingénierie déconstruction et environnement (Ciden), chargé du démantèlement, est créé.

Un démantèlement « immédiat » permet, selon la version d’EDF, de bénéficier de la mémoire des travailleurs qui ont œuvré sur ces technologies aujourd’hui obsolètes. Et aux générations futures de s’affranchir de la tâche délicate de la déconstruction. Problème : 40 % des 25 000 salariés de l’électronucléaire français partiront à la retraite d’ici à 2015… (...)

« En réalité, EDF et ses partenaires, comme Areva, ont changé de cap car ils se sont aperçus qu’il y avait un énorme marché mondial du démantèlement. Et pour se placer sur ce marché, ils doivent montrer qu’ils savent intervenir sur des réacteurs de puissance », estime Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). « Or, le démantèlement immédiat n’est pas la meilleure solution, que ce soit pour les travailleurs, à cause de la radioactivité, ou pour l’élimination des déchets, qui nécessite des entreposages temporaires ». (...)

Censé être le symbole – créé par la fine fleur de l’industrie nucléaire elle-même – du démantèlement « à la française », le chantier de Brennilis, au cœur des monts d’Arrée (Finistère), révèle à lui seul les difficultés de la déconstruction (...)

aucun des réacteurs mis en service en France – pour une durée de vie initiale de trente ans – n’a été conçu pour être un jour déconstruit… Les autorités de sûreté des pays de l’OCDE exigent désormais, pour chaque nouvelle centrale, que les électriciens leur délivrent des plans préliminaires de démantèlement et de gestion des déchets. (...)

Comme la gestion des déchets nucléaires, le coût global du démantèlement des centrales françaises est lui aussi sujet à caution. De nombreux chiffres, évalués à la louche, sont récemment parus dans les médias. Or, la complexité des chantiers de déconstruction actuels montre combien l’exercice est périlleux.
(...)

Ebuzzing