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EDF plonge en Bourse. Normal : sa stratégie nucléariste est vouée à l’échec
Benjamin Dessus est un ingénieur et économiste français né en 1939. Il est actuellement président de l’association Global Chance.
Article mis en ligne le 14 novembre 2017

Le cours de l’action EDF a plongé lundi 13 novembre. Une conséquence logique d’une stratégie dangereuse, analysée il y a plus d’un an par le chercheur Benjamin Dessus. Au bout du chemin, la faillite et l’échec de la transition énergétique.

Mardi 14 novembre 2017 - Le cours de l’action d’EDF a fortement baissé, de plus de 8 %, lundi 13 novembre. Les spéculateurs commencent à se rendre compte que les pieds nucléaires de ce colosse sont très fragiles. En fait, c’est toute la stratégie d’EDF qui est mal orientée, comme l’expliquait Benjamin Dessus dans cette analyse publiée le 1 mars 2016. (...)

En déclarant, le 16 février dernier, qu’« il n’y a pas de fermeture prévue de centrales dans les dix ans à venir » [1], Jean-Bernard Lévy, le président d’EDF, a annoncé la couleur : il n’est pas question que son entreprise se plie à la loi sur la transition énergétique, qui impose « 50 % maximum de la production nucléaire dans la consommation d’électricité intérieure de la France en 2025 ». EDF veut continuer à exploiter l’ensemble de son parc, qui produit 75 % de l’électricité nationale, en prolonger la durée de fonctionnement de 10 ou 20 ans, et assurer la relève avec des EPR. À nous, consommateurs, de rendre compatible cette décision de l’électricien avec la loi de transition énergétique en accroissant de 50 % notre consommation d’ici à 2025 pour faire mathématiquement baisser le ratio. M. Lévy ajoute, néanmoins, que tout cela va coûter cher : il faudrait que l’État se décide à garantir à EDF un prix du nucléaire sur 30 ou 40 ans et un relèvement des tarifs aux particuliers…

Le nucléaire, et donc EDF, est aujourd’hui dans une situation difficile. (...)

En restant volontairement prisonnière d’une production nucléaire rigide toujours plus concentrée et de l’architecture maître-esclave qu’elle entraîne pour le réseau, la France se trouvera très mal placée pour accueillir l’arrivée massive des énergies renouvelables qui se profile d’ici à 2030.
Jean-Bernard Lévy, le président d’EDF, plutôt que de jouer la montre et de quémander des subventions déguisées pour maintenir le statu quo nucléaire, ferait mieux, une fois n’est pas coutume, de se soumettre aux lois votées par la représentation nationale après un long débat, plutôt que d’attendre des jours politiques éventuellement meilleurs pour le lobby nucléaire aux abois.