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Reporterre
EDF durablement englué dans le problème des fissures nucléaires
Article mis en ligne le 18 juin 2022

Une étude de Global Chance montre qu’EDF est confronté au risque de fissure depuis 1998. Mais l’électricien n’a rien dit. Et se retrouve piégé face à un problème pour l’instant inexpliqué.

Reporterre le révélait en mai : EDF n’a pas pu être prise au dépourvu par le problème de corrosion sous contrainte qui affecte 12 de ses 56 réacteurs nucléaires, puisqu’elle a déjà été confrontée à ce phénomène en... 1984. Le 15 juin, Global Chance en a remis une couche sur les trous de mémoire de l’électricien français. Précédents en France et aux États-Unis, multiples travaux de recherche depuis trente ans... EDF connaissait le risque, confirme l’association.

Dans son rapport, Global Chance explique qu’une fissure avait déjà été découverte sur le circuit de refroidissement à l’arrêt (RRA) [1] du réacteur Civaux 1 en mai 1998, à l’occasion d’une importante fuite d’eau. Pour éviter que cette défaillance se reproduise, EDF avait dans la foulée remplacé les tronçons concernés des circuits RRA de tous les réacteurs du parc, après en avoir amélioré la conception et la fabrication. « Il est curieux que ni EDF, ni l’ASN [Autorité de sûreté nucléaire], ni l’IRSN [Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire] n’ait rappelé cet épisode. C’est peut-être le manque d’information le plus important que nous avons eu dans toute cette affaire », a commenté le physicien nucléaire et coauteur du rapport Bernard Laponche, lors d’une conférence de presse.

Plusieurs explications avancées (...)

« Tout ça n’a pas été dit, parce que malgré tout ce travail nous en sommes toujours au même point, nous n’avons pas d’explication satisfaisante à ce phénomène, ou plutôt nous en avons plusieurs », a indiqué M. Laponche. (...)

Le nucléaire compromis ?

Interrogée par Reporterre, l’ASN s’est défendue d’avoir dissimulé des informations sur la fissure qui a affecté Civaux 1 en 1998. Tout simplement parce que les fissures découvertes en 1998 et 2021 ne sont pas de même nature et n’ont pas la même cause, assure le gendarme du nucléaire. (...)

Pour M. Laponche, ce problème de corrosion sous contrainte compromet le prolongement de la durée de vie des réacteurs existants au-delà de 50 ans et le programme de construction de nouveaux réacteurs. « Aujourd’hui, la moitié du parc est à l’arrêt. Et vous n’avez pas un mot là-dessus du gouvernement, qui se défausse et laisse à l’ASN le choix entre assurer un maximum de sûreté et assurer un maximum de production électrique, accuse-t-il. La seule chose qu’il dit, c’est qu’il faut construire des EPR alors qu’il est possible qu’ils soient affectés par le même phénomène ! »