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Du petit livre rouge aux petits livres bleus
« La Chine a sa place dans nos humanités européennes » Anne Cheng
Article mis en ligne le 29 mars 2014
dernière modification le 25 mars 2014

La collection bilingue Bibliothèque chinoise des Belles Lettres est inspirée des « Budé » grecs et latins ; le Prix Fu Lei de la traduction d’œuvres françaises en Chine aimerait avoir le même destin que le Goncourt… Deux ponts jetés entre la France et la Chine par de prestigieux passeurs, Anne Cheng et Dong Giang.

« Cette collection est née d’un rêve, celui d’une fille de l’école de la République française qui est aussi la fille de lettrés chinois », raconte Anne Cheng, qui apprend durant sa scolarité en France le grec et le latin avec en main la mythique collection Budé. « J’ai rêvé de l’équivalent pour le chinois classique, qui comme le latin dans la Rome antique, a infusé un monde plus vaste que le seul empire chinois ». La collection accueillera aussi des œuvres coréennes, japonaises ou vietnamiennes rédigées en chinois classique. Elle ne se limite pas non plus à la seule littérature, mais est ouverte à d’autres genres, traités techniques, mathématiques, agronomie, cuisine.

Lancée il y a quatre ans, la collection dirigée par Anne Cheng et Marc Kalinowski est déjà riche de 14 titres, toujours selon le même principe d’un texte original avec sa traduction en regard, augmentée de notes. Un des premiers classiques, traduit par Jean Levi, « la dispute sur le sel et le fer » de Huan Kuan, rapporte les répliques échangées lors d’un conseil impérial en -81 av. JC montrant au passage, selon Anne Cheng, que « les Chinois connaissent tout aussi bien le débat que les Grecs ». Le travail des traducteurs, considérés comme des auteurs, redonne vitalité à ces œuvres parfois tombées dans l’oubli, en Chine aussi...

La sinomania des Lumières

Présentée lors d’une tournée en octobre dernier dans les grandes villes chinoises, la collection a trouvé son public parmi les universitaires et les étudiants, mais serait aussi nécessaire selon l’érudite sinologue à « toute une jeunesse qui avec la montée technologique est ignorante de cette richesse et aurait besoin de renouer avec les sources classiques pour savoir où elle va ». Elle reflète aussi une très vieille passion entre la France et la Chine, une « sinomania » débutée au 17ème qui connaîtra son apogée au siècle des Lumières avant de basculer dans son contraire. La France a ainsi été le premier pays du monde à créer une chaire d’études chinoises en 1814. (...)