
L’ONG Générations futures révèle dans un rapport publié ce jeudi que plus de la moitié d’aliments testés recèlent du glyphosate. Début octobre, les États-membres de l’Union européenne doivent discuter de la prolongation ou non de l’autorisation de cet herbicide, composant majeur du Roundup de Monsanto.
Trente échantillons d’aliments du quotidien, et plus de la moitié subtilement épicés au glyphosate… C’est le résultat du rapport dévoilé aujourd’hui jeudi 14 septembre par Générations futures. Le Roundup, désherbant fabriqué à base de glyphosate, est l’herbicide le plus vendu au monde. Logiquement, donc, « le glyphosate est la matière active herbicide déclarée la plus utilisée au monde », note l’ONG de lutte contre les pesticides.
Elle l’est aussi en France, où environ 8.000 tonnes de glyphosate sont vendues chaque année, soit 13 % des ventes totales de pesticides. Il est d’ailleurs celui le plus fréquemment détecté dans les cours d’eau. En avril 2017, une précédente analyse de Générations futures avait montré que l’on retrouvait du glyphosate dans l’urine de la totalité des 30 personnalités ayant bien voulu participer au test.
Restait à montrer que l’on est exposé via notre alimentation. C’est chose faite avec ce nouveau rapport. (...)
« On ne s’attendait pas à trouver du glyphosate dans plus de la moitié des cas, c’est énorme, estime François Veillerette, porte-parole de Générations futures. D’habitude on recherche plusieurs pesticides à la fois, c’est pour cela que beaucoup de produits présentent des résidus. Si l’on recherchait n’importe quel autre pesticide tout seul, on le trouverait dans bien moins d’échantillons ! »
À noter qu’aucun aliment ne contient une quantité de l’herbicide dépassant la limite maximale de résidus (LMR), c’est-à-dire le seuil réglementaire. « Mais la dangerosité d’un produit peut-être indépendante de sa quantité », rappelle François Veillerette. Certaines substances perturbatrices endocriniennes ont même des effets décuplés à petite dose. « Et puis le glyphosate a été classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer [Circ] », rappelle-t-il. (...)
Avec ce test, François Veillerette explique avoir voulu « mettre la question de la sécurité du consommateur sur la table : elle n’était pas présente dans le débat, alors que c’est la base du sujet. Notre rapport rappelle que l’on est tous exposés, quotidiennement, au glyphosate. Sur cette base, nous demandons juste l’application de la réglementation européenne, qui dit qu’on ne met pas sur le marché un produit identifié comme cancérogène probable ou certain ».
L’ONG espère donc peser sur un débat européen ravivé autour de la réautorisation ou l’interdiction du glyphosate. (...)
Ces expertises vont donc à l’inverse des conclusions du Circ (la branche de l’Organisation mondiale de la santé spécialisée sur le cancer), et sont remises en cause par la société civile. Fin août, un rapport de l’ONG Autrichienne Global 2000, signé d’un toxicologue allemand, expliquait que les deux agences européennes n’avaient pas pris en compte sept des douze études montrant un risque accru de cancer chez les rongeurs exposés au glyphosate.
Alors qu’aucune majorité ne se dégage pour l’instant, la position de chaque État-membre risque donc d’être cruciale dans ce dossier. En particulier celle de la France, alors que le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a réaffirmé, fin août, son opposition à une prolongation de l’autorisation pour 10 ans. Elle a été ensuite confirmée par le Premier ministre. (...)