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Rue89 Bordeaux
Dossier #28 : Les transports de la métropole pilent à l’âge des fossiles
Article mis en ligne le 20 septembre 2019
dernière modification le 19 septembre 2019

Si l’on veut éviter de revenir au climat des dinosaures, il va falloir changer de braquet. Loin d’en prendre le chemin, les habitants de la métropole restent pour leurs déplacements toujours plus dépendants au pétrole. Les solutions sont pourtant sous la main.

+7°C d’ici 2100. Pire encore que le scénario noir du GIEC, voila l’ampleur que pourrait prendre le réchauffement planétaire par rapport à l’ère pré-industrielle si notre modèle de croissance fondée sur les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) ne change pas.

C’est l’une des hypothèses des meilleurs climatologues français, dans un rapport présenté ce mardi, et dont même les modèles les plus optimistes font froid dans le dos : pour rester en dessous des 2° de l’accord de Paris, il faudrait réduire immédiatement nos émissions de gaz à effet de serre, et retirer du CO2 de l’atmosphère.

Quand on sait que la France bat déjà des records de chaleur avec un changement limité à 1,2° de plus qu’au XIX° siècle, un climat global plus chaud de 3 ou 4° reste difficile à imaginer. Et pour cause : la planète n’a pas connu une température moyenne flirtant les 19° depuis le temps des dinosaures, il y a 66 millions d’années, soit longtemps avant l’apparition de l’humanité. Celle-ci ne survivra sans doute pas à un tel réchauffement.
Autosolisme

Il n’est pas encore trop tard pour agir, à condition de le faire maintenant et à toutes les échelles. Les solutions sont dans nos mains, y compris au niveau local. Dans la métropole bordelaise, derrière le secteur du bâti résidentiel et tertiaire (pour le chauffage et la clim), les transports sont le deuxième poste le plus émetteur de gaz à effet de serre : ils pèsent 1,2 million de tonnes équivalent CO2 par an, soit le quart des émissions de l’agglomération, dont 61% à mettre au débit de la voiture individuelle.

Aussi, le Plan Climat de la métropole, adopté en 2017, a clairement identifié l’ »autosolisme » comme la cible N°1, avec « deux dynamiques convergentes : favoriser les alternatives (modes doux, transports collectifs, covoiturage, autopartage…) et c (...)

s’il reste beaucoup à faire, le diagnostic est connu, des pistes sont lancées (RER métropolitain, plan piéton, plans de mobilité d’entreprises…), des idées sont sur la table (métro, lignes de BHNS…).
Contraintes en carton

En revanche, la métropole et ses 28 communes calent sur la contrainte. La fermeture du pont de pierre aux voitures ou l’extension du stationnement résidentiel payant à Bordeaux ont pourtant démontré que les deux axes étaient complémentaires.

L’enquête déplacement des ménages de la métropole souligne par exemple que 8,5% des habitants des quartiers où le stationnement payant sur voirie a été mis en place abandonnent la voiture et changent de mode de transport. En outre, 20% des automobilistes qui venaient dans ces quartiers en voiture passent soit aux transports en commun (dans 50% des cas), à la marche (20% des reports) et au vélo (20% des reports).

Dans la ligne d’Alain Juppé qui a préféré reculer plutôt que bousculer ses électeurs, le maire de Bordeaux, Nicolas Florian, refuse aujourd’hui d’étendre le stationnement payant au delà des boulevards. Les maires du territoire mènent des politiques non coordonnées sur le sujet, et refusent de confier leur pouvoir de police à la métropole.

Enfin, la zone à faible émission (ZFE), qui pour lutter contre la pollution atmosphérique doit restreindre l’accès à une partie étendue du centre aux seuls véhicules propres, est un projet bien avancé à la métropole, mais promis à rester dans les cartons au moins jusqu’aux municipales.
Gilets jaunes et chiffon rouge

A notre époque encore marquée par le mouvement des Gilets jaunes, oser agiter un chiffon rouge sous le phare des automobilistes apparait comme un non-sens à la plupart des candidats (...)

Reste que la route engloutit une bonne partie des ressources locales – pour l’élargissement de la rocade ou les diverses déviations. Et que, comme on construit des tuyaux, ceux-ci se remplissent : la motorisation des habitants de la métropole et les kilomètres parcourus en voiture continuent d’augmente (...)