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Greek Crisis
Dimitri et Déméter
Article mis en ligne le 14 avril 2017
dernière modification le 13 avril 2017

La Grèce entre dans son unique Semaine (dite) sainte de l’année. Bientôt Pâques, sans toutefois la moindre trace de grande... Résurrection collective. Cependant, les Grecs se préparent à la fête, la plus grande du calendrier comme du vécu orthodoxe. Et de toute manière, arrive un moment où l’on ne peut plus faire durer l’accablement éternellement, pour ainsi rompre avec le venin ambiant, même si ce n’est que brièvement. Semaine sainte.

Le plus loin possible des Tsiprosaures, (ces derniers ont encore avalé la pilule du récent Eurogroupe à Malte, pilule et alors ciguë de l’énième train de mesures mémorandaires), les Grecs iront si possible fêter Pâques en famille, après avoir massivement quitté les villes. La parentèle... pascale grecque étant très exactement synonyme de ruralité ; mais encore de “retour” à un passé finalement lointain et d’abord phantasmé.

Trois quart des Athéniens demeurent cependant liés à “leur” village d’origine, et même si la crise a suffisamment empoisonné l’ensemble des relations, familiales, amicales, amoureuses ou professionnelles, le retour au village, notamment à l’occasion de Pâques, incarne encore cette ultime victoires de la vie... contre la mort dans ce pays, croyance religieuse ou pas d’ailleurs.

Pâques c’est alors le plus grand des moments actuels, et les derniers manifestants de la semaine dernière, plus symboliques que jamais, ont déjà rangé leurs banderoles, on dirait pressés d’en finir, à l’instar de ceux du PC grec, vendredi 7 avril place de la Constitution. Nos touristes, quant à eux, très nombreux et largement plus décontractés que les autochtones... ils découvrent au même moment les douceurs helléniques, sous l’Acropole exactement. “Ah tiens, les Grecs manifestent encore...”. Attractions grecques !

Non loin de la capitale, sur les plages de l’Attique, les enfants des migrants finissent aussi par laisser éclater toute leur joie du jeu, devant cette mer Égée parfois de tous les dangers. Dans un sens, la résurrection ne serait alors qu’une affaire d’instant présent, quelle que soit la façon dont on aborde finalement la condition humaine.

Petites joies et alors immenses peines en ce moment qui reste le nôtre, et où, la corruption des esprits comme celle des pratiques (pas qu’en politique finalement) finirait par tout emporter, car notre dite “crise”, n’est d’abord qu’une forme de guerre. Humanité perdante et perdue ; sur un mur d’Athènes, une main invisible a pu tracer ceci à la craie : “Nous avons perdu”. Vraiment ? (...)

En paraphrasant à peine Cornelius Castoriadis (“Thucydide, la force et le droit” - 2011), je dirais que la guerre, autrement-dit la “crise” est bien passée par là ; par son énorme déploiement de violence et avec une plus grande corruption. Cette corruption qu’engendre cette guerre/crise alors “maître violent” est admirablement décrite par Thucydide dans le passage sur la guerre civile à Corcyre : inversion des significations des termes du langage, haine et mensonges généralisés, rupture des liens les plus élémentaires entre humains, goût du pouvoir et cupidité couverts par de grands mots. (...)