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Différents combats et un ennemi commun
Mouvements sociaux et syndicats européens : la différence n’est pas au niveau du contenu, mais des stratégies, dit Francine Mestrum lors d’un entretien avec Rita Freire, de la Ciranda.
Article mis en ligne le 13 avril 2011

En fait, toutes les politiques décidées au niveau européen le 24 mars sont déjà mises en œuvre au niveau national. Regardez ce qui s’est passé en France : en 2010 des millions de gens ont protesté dans la rue contre la réforme du système des pensions, mais le gouvernement ne les a pas écoutés. Le 25 mars, un demi million de personnes étaient dans la rue en Grande Bretagne, mais les mesures d’austérité ont déjà été prises. Le 9 avril, 50.000 personnes ont manifesté à Budapest, à l’initiative des syndicats européens. Il est probable que toutes ces manifestations ne changent pas les politiques néolibérales.

L’Europe occidentale a été le premier et restera le dernier îlot avec une sécurité sociale et une protection sociale relativement bien organisées. Bien entendu, nos Etats sociaux n’étaient pas parfaits, mais par rapport au reste du monde, ce que nous avions, était extra-ordinaire. Personnellement, je crois toujours que nous devrions essayer d’ ‘exporter’ ce modèle de protection sociale.
Mais nous avons également assisté à l’introduction des politiques néolibérales, appelées ‘Consensus de Washington’ qui ont démantelé les Etats sociaux émergents dans le tiers-monde.

On a mis des ‘politiques de réduction de la pauvreté’ à leur place et c’est exactement cela qui est en train de se passer aujourd’hui en Europe. Il s’agit d’un mécanisme pervers que les mouvements sociaux n’ont pas toujours compris. Parce que le système crée de plus en plus de pauvres, et il est évident que nous devons aider les pauvres. Mais la première chose à faire est d’éviter la création de pauvreté. En d’autres mots, nous devons éviter d’aider les pauvres aux dépens des travailleurs non-pauvres.(...)

J’ai toujours l’impression que ce mécanisme pervers n’est pas très bien compris. Ou bien que les gens croient effectivement que nos gouvernements veulent protéger notre ‘compétitivité’. Mais le problème majeur est que la gauche n’a toujours pas d’alternative vraiment alléchante. Dans tous les grands pays européens, nous voyons un glissement politique vers la droite et l’extrême droite ce qui peut devenir très dangereux. En France, la candidate du parti d’extrême droite risque d’être dans le deuxième tour des élections présidentielles de 2012. (...)

Presque tous nos médias appartiennent au système dominant qui est néolibéral. Ils ont créé l’impression que les syndicats sont des mouvements corporatistes qui ne font que défendre les intérêts étroits de leurs membres en prenant en otage le reste de la société ! Le centre de Bruxelles était bloqué le 24 mars mais au lieu de féliciter les syndicats pour défendre les droits sociaux des travailleurs et de la population, les médias ont dit que cette action était irresponsable et non justifié.(...)

Il y a deux semaines, nous étions à Paris pour préparer les actions et les mobilisations autour du G8 et du G20 présidés cette année par la France. Un slogan général s’est inspiré des actions en Tunisie : ‘G8 dégage !’.
Mais à nouveau, force est de constater qu’en Europe ces actions ne sont pas appuyés par la majorité de la population. On se tourne plutôt vers l’extrême droite pour trouver des solutions. En ce qui concerne les mouvements sociaux, il y a un besoin urgent d’une alternative crédible, car les gouvernements continuent d’adopter des réformes de façon non-démocratique. La plupart des partis politiques et des hommes et des femmes politiques ont perdu leur crédibilité. (...)

Nous devons continuer à protester et à expliquer aux gens ce qui se passe. Dans ce domaine, les médias et les médias sociaux jouent un rôle extrêmement important. Et nous devons travailler pour proposer des politiques alternatives. C’est urgent.

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