
Dans son dernier livre, la Recherche à l’épreuve du politique, l’anthropologue et sociologue alerte sur les dangers auxquels s’exposent les chercheurs et plaide pour la liberté du champ des savoirs.
La recherche est une épreuve à risques. En particulier lorsque la politique s’en mêle. Risques pour les chercheurs et menace pour la démocratie. À l’appui de son expérience, que ce soit auprès des Amérindiens en Équateur, des policiers de la région parisienne ou des maraudeurs à la recherche d’exilés à Briançon (Hautes-Alpes), Didier Fassin décrypte les atteintes à la pratique des savoirs dans son ouvrage (1). Anthropologue, sociologue et médecin, professeur au Collège de France et à l’Institut d’étude avancée de Princeton, le directeur d’études à l’EHESS relate comment le chercheur, notamment en sciences humaines et sociales, s’expose, dès lors que ses travaux dévoilent les rapports de domination et de pouvoir.
La situation est grave sous des régimes autoritaires, mais dans nos pays, les pressions se sont multipliées, accentuant la censure et l’autocensure. Outre qu’il affaiblit le champ académique, ce phénomène met aussi en danger les personnes qui font l’objet de ces études. (...)
On peut distinguer deux types de risques.
Les premiers sont contextuels, liés par exemple au fait de travailler dans des zones de guerre ou d’insécurité.
Les seconds sont politiques, au sens où ils dévoilent des relations de pouvoir et les formes d’illégalisme qui les accompagnent. (...)