
A l’appel d’Extinction Rebellion et d’ANV-Cop21, près de 200 personnes se sont rassemblées dimanche, à Saint-Aubin, pour faire symboliquement barrage au projet de déviation du Taillan qui menace 100 espèces protégées. L’action visait à soutenir la requête en référé-suspension déposée devant le Tribunal administratif de Bordeaux par les associations Natur’Jalles et France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine. Les opposants au projet seront fixés le 12 février prochain, mais promettent de continuer la bataille en cas de revers.
C’est un projet poussiéreux, qui sort à l’occasion des cartons, pour ensuite repartir aux oubliettes au rythme des joutes juridiques entre le Conseil départemental de la Gironde qui le porte et les opposants, et des va-et-vient entre la préfecture et le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), chargé d’avaliser les textes législatifs concernant la préservation des espaces naturels. Depuis 37 ans, le projet de déviation du Taillan, dont le but est de contourner le centre de ce bourg souvent paralysé par le trafic routier, s’invite dans le débat local tel une tapisserie de Pénélope à la frontière du Médoc.
Pourtant, aujourd’hui, l’heure est grave pour les associations écologistes. Le 13 septembre dernier, l’Etat donnait son feu vert au projet en déposant un arrêté préfectoral autorisant la reprise des travaux interrompus en 2015. Une décision qui fait suite à l’avis favorable au projet de route rendu par le CNPN en juin après trois avis négatifs.
Un référé-suspension et un recours ont été déposés devant les tribunaux bordelais par les associations Natur’Jalles et France Nature Environnement Nouvelle Aquitaine. Pour soutenir les associations en prévision de l’examen du référé, le 12 février, les mouvements Extinction Rebellion et ANV-Cop21 organisaient dimanche un rassemblement pour faire symboliquement barrage au projet. (...)
Depuis leur blocage du pont Chaban-Delmas cet été, puis des grandes enseignes de la rue Sainte-Catherine lors du Black Friday, les militants d’Extinction Rebellion sont attendus au tournant en région bordelaise. Pourtant, ce n’est pas une action de désobéissance civile qui est prévue aujourd’hui, mais une manif de 150 personnes, qui traverse le bourg pour se rendre sur les lieux des travaux. (...)
« Make the Medoc Great again »
Une fois sur les lieux, ils forment deux messages captés par un drone : STOP et SOS.
« Les images qui ont été prises serviront à illustrer un discours qui sera adressé aux magistrats pour leur demander de l’aide et stopper ce projet », explique Elodie qui a coordonné l’action pour Extinction Rebellion.
Les opposants au projet ont fait de la protection des 100 espèces menacées de la zone leur totem dans cette bataille. Ils dénoncent également l’impact qu’aurait une bétonisation de la zone sur la nappe phréatique. (...)
« Make the Medoc Great again »
Une fois sur les lieux, ils forment deux messages captés par un drone : STOP et SOS.
« Les images qui ont été prises serviront à illustrer un discours qui sera adressé aux magistrats pour leur demander de l’aide et stopper ce projet », explique Elodie qui a coordonné l’action pour Extinction Rebellion.
Les opposants au projet ont fait de la protection des 100 espèces menacées de la zone leur totem dans cette bataille. Ils dénoncent également l’impact qu’aurait une bétonisation de la zone sur la nappe phréatique. (...)
Deux procédures engagées en justice
Pour augmenter leurs chances d’annuler le projet, les associations requérantes ont engagé deux procédures différentes : un recours, qui peut parfois prendre un an avant d’être examiné et un référé-suspension, plus rapide. (...)
« Le recours prend en compte un élément de contestation sur la forme : le préfet n’aurait pas dû signer l’arrêté sur la loutre et sur le vison car cela dépend du ministre. C’est un élément qui peut militer pour l’annulation. Le référé s’appuie lui sur les mêmes éléments mais argumente également l’urgence d’arrêter, fait valoir que l’intérêt public majeur n’est pas respecté, qu’il y a des itinéraires alternatifs et que les choses ne sont pas faites proprement pour sauvegarder les espèces. »
Le département de la Gironde a immédiatement repris ses travaux après la délivrance de l’autorisation. « Il fait toutefois très peu de cas des mesures prévues par son dossier et des prescriptions de l’arrêté préfectoral », dénoncent les associations dans leur requête.
L’association Natur’Jalles constate plusieurs destructions dommageables de la faune et de la flore, comme le saccage d’un chemin inondable traversant le périmètre de l’arrêté de protection prévu initialement, menaçant ainsi plusieurs espèces. La préfète, informée par courrier de ces manquements par une association requérante n’a jamais procédé aux constats d’infraction, ni mis en demeure le titulaire de l’autorisation, affirment les opposants. (...)
Sur les lieux des travaux, les militants plantent une centaine de bâtons accompagnés de rubans aux noms des 90 espèces animales – dont le vison, la loutre, l’azurée de la sanguisorbe – et des 10 espèces végétales menacées. (...)
« Pour la suite, il y a deux cas de figure. Soit les juges décident que l’arrêté décidant la destruction des 100 espèces est illégal et les travaux sont arrêtés. Dans ce cas, le combat n’est pas fini mais on aura déjà gagné une grosse bataille. Soit les juges décident que cet arrêté est légal et les travaux continueront. Si cela se produit, le combat ne fait alors que commencer et nous aurons besoin d’un plan d’action pour continuer la lutte. »
Vers une ZAD au Taillan ?