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Des réseaux d’extrême droite lourdement armés mis à jour en Italie et en Allemagne
Article mis en ligne le 3 juillet 2020

La police italienne a découvert un véritable arsenal au cours de perquisitions dans plusieurs locaux de groupes d’extrême droite, dans le Nord de l’Italie. Des fusils d’assaut, mitraillettes, armes de poings, baïonnettes, et des centaines de munitions ont été saisis. Les enquêteurs ont même mis la main sur un missile sol-air ou air-air, de fabrication française, en état de fonctionnement [1]. Des objets à la gloire du fascisme et du nazisme, de la propagande nazie, des croix gammées, ont également été saisis. Parmi les personnes arrêtées, figure un ancien candidat aux législatives de 2001 du parti néofasciste Forza Nuova.

Un mois plus tôt, la police allemande a elle-aussi démantelé un vaste réseau d’extrême droite, armé, et soupçonné de vouloir s’en prendre à des personnalités politiques locales. Le 12 juin dernier, la police criminelle de l’État-région du Mecklembourg-Poméranie, dans le nord-est, arrête quatre policiers et anciens policiers membres du commando spécial d’intervention des forces de l’ordre allemandes (Spezialeinsatzkommando). Ils sont soupçonnés d’avoir subtilisé des munitions depuis 2012, puis de les avoir livrées à des membres de groupes d’extrême droite à tendance survivaliste. 14 appartements et bureaux ont été perquisitionnés. Chez l’un des suspect, des dizaines de munitions ont été découvertes, ainsi qu’un pistolet mitrailleur [2].

Cela fait deux ans que la police, et des journalistes, allemands enquêtent sur cette affaire, en particulier sur deux hommes, un avocat et un ancien policier. (...)

Une liste de 25 000 personnes auxquelles le réseau voulait s’en prendre

Il apparaît vite aux enquêteurs que les deux suspects sont liés à un réseau plus large, et que la liste des personnes que ce réseau souhaitait éliminer est elle aussi bien plus longue. L’avocat et l’ancien policier faisaient partie de groupes de discussions liés à la mouvance d’extrême droite. Les participants y préparaient un supposé « jour X », où l’ordre politique et social allemand s’effondrerait. Il échangeaient notamment sur un groupe Telegram appelé « Nordkreuz », administré par un soldat des forces spéciales, selon le quotidien Taz. Le groupe réunissait des personnes habitants les régions du nord-est de l’Allemagne, tout en étant relié à un réseau plus étendu, avec des groupes « sud », « est » et « ouest ». Le groupe « Nordkreuz » avait établi une liste de 25 000 cibles, principalement des élus locaux du SPD (parti social-démocrate), de Die Linke (gauche radicale), et du parti conservateur CDU (droite), ainsi que des militants engagés dans l’accueil des exilés.

Le réseau « Nordkreuz » comptait environ 30 personnes. « La plupart des membres de Nordkreuz, liés les uns aux autres par le service de messagerie, viennent du milieu de l’armée et de la police », rapporte la Taz. De fait, les réseaux allemands d’extrême droite séduisent au sein de la police et de l’armée. (...)