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le Monde
Des permis de conduire pour les sans-papiers new-yorkais
Article mis en ligne le 11 octobre 2019

L’Etat de New York veut faciliter l’accès à ce sésame pour des centaines de milliers de personnes en situation irrégulière. Un document indispensable pour se déplacer dans le pays.

C’est un des calvaires technocratiques new-yorkais pour les étrangers : l’obtention du permis de conduire. Difficile de survivre sans aux Etats-Unis, surtout lorsqu’on veut partir à l’aventure dans le Midwest. Et pourtant la procédure est indispensable : le permis européen n’est plus valable au bout de trois mois de résidence new-yorkaise. (...)

Passer le code ne pose pas de problème : il suffit de répondre que boire du café, de l’eau ou dévorer un cheeseburger n’accélère pas l’élimination d’alcool. Pour la conduite, l’examen est plus délicat, surtout quand on est maladroit. (...)

900 000 personnes concernées

Le plus compliqué reste encore d’apporter tous les justificatifs demandés : un numéro de sécurité sociale (même si on n’a aucun lien avec le système américain) ou la fiche de renseignement verte I-94 que les services de l’immigration n’agrafent plus à votre passeport depuis plus de cinq ans mais que la bureaucratie new-yorkaise continue de demander. Bref, au bout de trois mois, on a fini par obtenir la petite carte plastiquée. Et cela sera bientôt le cas aussi pour les immigrés illégaux de l’Etat de New York.

Ce dernier a en effet adopté une loi qui permettra aux personnes en situation irrégulière de postuler au permis de conduire. Selon les estimations, 265 000 illégaux sur 900 000 devraient ainsi l’obtenir d’ici à trois ans.

Il ne sera plus nécessaire d’avoir un numéro de sécurité sociale, stipule la nouvelle législation, qui existe déjà dans une douzaine d’autres Etats. Un passeport suffira, et les informations ne seront pas transmises à la police des frontières. C’était déjà le cas avant les attentats du 11 septembre 2001, mais un décret du gouverneur démocrate George Pataki, en 2002, avait établi cette exigence pour des raisons de sécurité nationale.

Pendant des années, les associations de défense des immigrés sans visa ont tenté d’obtenir un retour en arrière, sans succès. Le gouverneur démocrate Eliot Spitzer a bien fait une tentative en 2007, mais sa cote a immédiatement baissé dans les sondages. Il a fallu l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche en 2016 pour que les démocrates adoptent une politique plus favorable aux immigrants illégaux et acceptent cet assouplissement. Et encore, la loi a été approuvée en juin d’extrême justesse, par 33 voix contre 29.