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Entre les lignes, entre les mots
Des mouches sur des tas de fumier recouverts des oripeaux de glamour et de la distraction
Article mis en ligne le 17 octobre 2018
dernière modification le 14 octobre 2018

Dans son éditorial, « Tourisme Nord-Sud : le marché des illusions », editorial-de-bernard-duterme-tourisme-nord-sud%E2%80%89-le-marche-des-illusions/, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Bernard Duterme souligne trois illusions sur lesquelles repose le tourisme international : « celles de la démocratisation, de l’exotisme et de la prospérité ».

La foi dans « le rôle modernisateur, libérateur et émancipateur de l’expansion touristique », si elle écrase les doutes et les critiques, n’en reste pas moins, comme tous les articles de foi, insuffisante pour appréhender les aspects de la réalité touristique et ses effets sur les populations. Et au delà d’un fantasme d’une « mondialisation à visage humain », du réductionnisme économique, des représentations de la/du touriste elle/lui-même, l’oubli des aspects matériels, des rapports de domination…

Le tourisme est « un fait social total ». Il s’insère et contribue aux asymétries et aux rapports de pouvoir . « Aborder le tourisme tant comme un marché que comme un rapport de domination, c’est aussi se donner les moyens de le démythifier, de déconstruire les illusions que ses promoteurs et zélateurs entretiennent à dessein pour mieux le vendre. Elles sont trois ces illusions, plus prégnantes que les autres, trois images tronquées de la réalité, trois mirages qui faussent la vue : l’illusion de la démocratisation, l’illusion de l’exotisme et l’illusion de la prospérité »

L’éditorialiste détaille ces « illusions ». Et, entre autres, les déplacement récréatifs limités à une fraction de la population mondiale, les capacités d’absorption écologique du globe, les usages sociaux différenciés des vacances, l’exotisation des destinations par le marché publicitaire, la construction touristique de l’altérité, les idéalisations des vacances, la « touristification » du monde, la concentration des bénéfices économiques et financiers de cette activité, le tourisme d’enclave, les effets d’éviction en chaine, les exclusions sociales et la hausse des inégalités, l’expansion des modèles marchands capitalistes, la fragilisation des économies réceptrices, l’accumulation des bénéfices sur les comptes exonérés des grands opérateurs privés, la mobilisation de fonds publics en faveur de projet sans lien avec les besoins de la grande masse des populations, le délaissement de domaines d’activités cruciaux – comme l’agriculture vivrière et l’alimentation du marché interne, le tourisme sexuel et les industries du sexe, le « consumérisme insouciant et voyeurisme ingénu », la multiplication des émissions de gaz à effet de serre, les politiques des dictatures, la marchandisation généralisée des lieux et des comportements, les « statuts majoritairement précaires, saisonniers et sous-qualifiés » des personnes employées, les dérégulations et la libéralisation des échanges, les soit-disantes vertus « d’un tourisme plus éthique, solidaire, durable ou encore responsable », etc. (...)

« L’« Organisation mondiale du tourisme » n’est plus à inventer, elle existe. Reste à lui conférer le pouvoir régulateur de relever ce double défi, herculéen : démocratiser le droit à la mobilité et rendre son exercice viable ». (...)