
La disparition de Nelson Mandela, l’ex-président sud-africain, a beaucoup marqué la génération qui s’était fortement mobilisée dans les années quatre-vingt en faveur de sa libération et de la fin de l’apartheid. Pour beaucoup, l’entrée en politique se fit autour de ses combats.
Mais sait-on que, dès les années soixante, des hommes s’étaient retrouvés autour de cette lutte et avaient apporté une aide matérielle à l’ANC, le Congrès national africain ? Issus pour la plupart de l’expérience acquise au travers de l’aide apportée aux combattants de l’indépendance algérienne ou de celle plus lointaine de la Résistance, ils décidèrent, sous la conduite d’Henri Curiel, de fournir une assistance concrète aux militants de l’ANC. À travers l’organisation Solidarité qu’ils constituèrent, ils mirent en œuvre pendant plus d’une dizaine d’années une assistance internationaliste.
Il faut se souvenir qu’à l’époque, la plupart des pays occidentaux faisaient bloc, malgré les condamnations des Nations unies, avec le régime d’apartheid qui régnait à Pretoria et n’hésitait pas à collaborer avec son sinistre appareil de répression, le Boss. La France n’accueillait aucune représentation officielle de l’ANC dont les militants étaient considérés comme des terroristes. (...)
À la demande de l’ANC, un militant français fut envoyé en Afrique du Sud pendant plusieurs semaines pour repérer les filières de passage possibles avec les pays de la « ligne de front » et prendre des contacts avec les milieux anglophones blancs plus ouverts sur la question de l’apartheid. Moisson de renseignements pour la direction du mouvement coupé de l’intérieur.
Pour pallier la difficulté des liens entre intérieur et extérieur, une piste de travail s’ébaucha sur la possibilité d’utiliser les mouvements de la marine marchande. (...)
Bien que la France de l’époque se situât aux côtés du régime d’apartheid et que l’aura de Nelson Mandela était encore faible, il fut relativement facile de trouver des personnes disposées à s’engager au service de l’ANC, tant le sens de son combat était une évidence et ne pouvait laisser personne insensible dès lors qu’un cadre organisationnel s’offrait à l’action efficace.