
Pour se qualifier au second tour du congrès LR, Valérie Pécresse avait devancé Michel Barnier, troisième, de 1 209 voix seulement. Plusieurs centaines de ses électeurs ont été amenés par un rabatteur de la communauté franco-asiatique, qui a aussi mobilisé des étrangers. La candidate de droite s’oppose pourtant au droit de vote des étrangers.
La candidate Valérie Pécresse a pu compter sur le soutien d’électeurs étrangers pour remporter le scrutin interne organisé lors du congrès des Républicains (LR), du 1er au 4 décembre, selon des informations de Mediapart. Ces électeurs, rameutés par un élu francilien de la communauté franco-asiatique, ont pu adhérer au parti dans la dernière ligne droite de la campagne interne, les statuts de LR n’interdisant pas aux étrangers de participer au vote. (...)
Leur proportion reste à ce jour inconnue, le parti de droite ne nous ayant pas communiqué le nombre de nouveaux adhérents de nationalité étrangère, mais leur impact sur le résultat d’un scrutin serré est forcément non négligeable. Au premier tour, Valérie Pécresse, arrivée deuxième derrière le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, avait devancé son concurrent Michel Barnier de 1 209 voix seulement, avant de triompher au second tour. (...)
Au sein de LR, l’énergie déployée par l’équipe de Valérie Pécresse dans la « bataille des cartes » n’avait échappé à personne. « Tout le monde a essayé de faire adhérer ses réseaux, mais elle a été la meilleure à ce jeu-là », confiait-on récemment dans l’entourage d’un de ses concurrents. Les fédérations d’Île-de-France ont ainsi vu leurs effectifs doubler, jusqu’à représenter 26 % du corps électoral national.
En revanche, l’afflux de ressortissants étrangers parmi les votants surprend les élus ou cadres LR que nous avons interrogés, certains découvrant même, à l’occasion de notre questionnement, cette simple possibilité. En 2016, la primaire de droite était réservée aux Français inscrits sur les listes électorales. Cette année, le passage d’une primaire à un congrès – et la limitation du corps électoral aux adhérents LR – a ouvert, comme une brèche que le parti n’avait pas anticipée, la possibilité de faire voter des étrangers (...)
Une cocasserie politique, au sein d’une formation qui a toujours milité pour réserver le droit de vote aux citoyens français à toutes les élections (locales comme nationales). (...)
Depuis 2015, la présidente de la région Île-de-France n’a de cesse de dénoncer le « clientélisme » auquel elle a mis fin en reprenant le conseil régional à la gauche. Une thématique qui lui est chère : le 8 novembre dernier, lors d’un débat entre candidats LR sur LCI, elle reprochait à Emmanuel Macron d’avoir créé le « clientélisme présidentiel ».
Sollicitée sur les conditions d’adhésion de sympathisants franciliens, son équipe de campagne a tenu à rappeler que « chaque nouvelle adhésion aux LR a été validée par le siège des Républicains dans le cadre d’un congrès dont la sincérité du scrutin était contrôlée par une instance présidée par le sénateur Philippe Bas ». « Toute personne qui se prévaut d’avoir suscité un certain nombre d’adhésions aux Républicains n’engage qu’elle-même », a aussi indiqué le service presse de la candidate.
Également questionnés, Les Républicains confirment que, depuis leur création, « l’adhésion au mouvement n’est liée à aucune condition de nationalité », sans fournir de précision sur le nombre de ressortissants étrangers ayant rejoint leur rang juste avant le congrès. (...)
Ce n’est pas la première fois que l’adjoint de Villepinte active ses réseaux en faveur de Valérie Pécresse. Comme Mediapart l’avait raconté, l’élu d’origine cambodgienne, qui participe à l’organisation du nouvel an lunaire à la région Île-de-France, était au cœur de l’organisation du meeting Potemkine de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, à Brive, en août 2019. S’y étaient retrouvés des contingents entiers de faux militants rameutés depuis Paris et issus d’associations communautaires, pour certaines subventionnées par la région. (...)
Plusieurs participants avaient raconté qu’ils s’étaient rendus à Brive pour passer une journée à la campagne, sans lien avec un quelconque soutien à Valérie Pécresse. « De ce que j’ai vu, c’était plus une sortie de groupe, histoire de s’aérer. Il y en a peut-être qui étaient partis pour Mme Pécresse, mais sinon, honnêtement, je pense que la majorité y allait plus pour s’évader », avait par exemple témoigné une membre d’une association cambodgienne.