
Sur la base navale extra-territoriale américaine de la Baie de Guantanamo, Cuba, les Etats-Unis détiennent leurs captures faites au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste, et ce, hors de la portée du système judiciaire fédéral. Des conditions de détention souvent critiquées, si bien que l’ONU demande la fermeture de la prison. Là, derrière les clôtures et le barbelé du Camp Delta, vaste partie désaffectée du complexe de haute sécurité, un bâtiment préfabriqué possède néanmoins quelques caractéristiques d’une bibliothèque.
A l’intérieur du local de fortune, l’atmosphère rappelle celle d’une bibliothèque succursale où les livres sont regroupés par langues et par genres au sein de diverses salles de stockage. La différence avec un établissement traditionnel, c’est qu’ici les usagers n’ont pas le loisir de se promener entre les étagères. Dans cet univers carcéral c’est le bibliothécaire en chef, un civile restant anonyme pour des raisons de sécurité, qui remplit lui-même des bacs en plastique d’une cinquantaine de bouquins.
Et une fois par semaine, ces caisses de ses sélections littéraires sont apportées au sein de chaque bloc de cellules. Quant aux 166 détenus enfermés parfois depuis plus d’une décennie, la plupart sans le moindre procès, ils sont autorisés à emprunter deux titres suggérés à la fois, voire à soumettre leurs demandes plus spécifiques à condition de respecter les règles de la prison. (...)