
Après huit années au pouvoir en Pologne, la droite libérale de la Plateforme civique (PO), longtemps dirigée par l’actuel président du Conseil européen, Donald Tusk, a perdu les élections législatives du 25 octobre 2015 face au parti nationaliste et conservateur Droit et Justice (PiS). Avec 37,5 % des voix, le PIS a obtenu 51 % des sièges, ce qui lui permet de gouverner seul. La gauche, quant à elle, est tout simplement absente du Parlement.
Un vent mauvais souffle depuis sur la Pologne.
Début décembre 2015, le gouvernement de Beata Szydlo, dirigé dans l’ombre par Jaroslaw Kaczynski, a voulu mettre sous sa coupe le Tribunal constitutionnel en modifiant sa composition et ses compétences. Fin décembre, le gouvernement polonais souhaite mettre fin aux mandats des dirigeants de la radio et de la télévision publiques, et prévoit qu’ils seront désormais désignés par le ministre des finances qui pourra aussi les révoquer.
En s’attaquant avec brutalité et sans subtilité à la justice et aux médias, c’est aux valeurs fondatrices de l’Europe que le gouvernement polonais s’attaque.
Dès lors, la riposte de la Commission européenne n’a pas tardé. Début janvier, elle annonce une étude préalable au lancement de la procédure mise en place en mars 2014, afin d’évaluer les risques de « menaces systémiques envers l’Etat de droit » dans un Etat membre, sur les bases de l’article 7 du traité UE.
« Beaucoup de choses plaident pour que nous activions le mécanisme d’Etat de droit et que nous placions Varsovie sous surveillance », a déclaré le commissaire européen allemand Günther Oettinger. (...)
la constitution d’un bloc réactionnaire et nationaliste au sein de l’UE constitue une vraie menace pour l’unité européenne et son projet politique. La présence de l’extrême droite, dans toute sa diversité, au pouvoir s’est banalisée. Les promesses de l’adhésion à l’UE semblent oubliées.
Aujourd’hui, les défenseurs des idéaux européens de paix, de démocratie et de solidarité doivent hausser le ton. Des compromis sont-ils possibles avec ces populistes ? Où commence la compromission ?
Cependant, le projet européen doit aussi être dans l’adhésion et non uniquement dans la sanction. Cela passe notamment par une remise en cause des politiques austéritaires, ferment des extrémistes, et une plus grande intégration européenne, condition sine qua non d’efficacité et de solidarité. (...)