
Élections passées, élections en cours, élections prochaines. Entre le sondage berné grandeur nature des élections dites européennes, les élections municipales et régionales en deux tours, le deuxième ce dimanche 2 juin, et enfin, les élections législatives anticipées annoncées, la... Démocratie on dirait qu’elle déborde.
Petits pays, énormes illusions. Oligarchies libérales que nous appelons à tort “démocraties représentatives”, Cornelius Castoriádis avait déjà en son temps le mérite de proposer une réflexion de fond sur ce qu’est une démocratie véritable... sauf qu’il n’est plus. Élections passées, élections prochaines, seule certitude... nos cigognes des campagnes grecques, campagnes non-électorales bien entendu. (...)
Tsípras a annoncé des élections anticipées pour le 7 juillet, c’est pour limiter autant que possible les dégâts, et pour que son gouvernement puisse nommer en poste les plus hauts magistrats du pays fin juin, histoire de s’assurer d’une certaine impunité lorsqu’il aura quitté le pseudo-pouvoir, disent-elles les “mauvaises langues”, presse grecque du moment, ici en anglais. Déjà en son temps, Cornelius Castoriádis, plutôt pessimiste vers la fin de sa vie, il considérait “qu’il existe une aliénation plus profonde de la société, toutes classes confondues, à ses propres institutions, quand celle-ci cesse de les remettre en question, quand elle les considère comme naturelles ou nécessaires”, comme il est aussi parfois rappelé devant les apories structurelles de notre méta-monde.
Nous y sommes, et notre analyse sur les faits et gestes apparemment politiques faisant suite aux événements et scrutins récents en Grèce, doit être considérée et comprise, une fois de plus, après avoir retracé l’essentiel, mais c’est hélas ainsi.
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L’inquiétude du “petit peuple” est toujours grande. Sa colère l’est aussi. Encore faut-il sans cesse revisiter le sens et la portée de cette rage, et autant impotence généralisées, devant le déferlement des événements internes comme externes au pays. Nouvelle Antiquité... tardive, mais on s’y habitue coûte que coûte, la rage est avalée à défaut d’être vomie. (...)
les électeurs de SYRIZA de l’année 2015 ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux de 2019, la classe moyenne agonisante a largement quitté Tsípras, lorsque les fonctionnaires ont même accordé davantage de voix à Mitsotákis qu’à Tsípras. Les chômeurs quant à eux, ils ont moins sanctionné SYRIZA que les actifs, tandis que la population carcérale, elle a de son côté... plébiscité le parti de la Gauche dite radicale. (...)
En somme, ces Grecs ayant tant manifesté sur les places et dans les rues durant les années 2010 à 2013, temps aussi de notre regretté Loukánikos, ils ont autant déserté les luttes trahies ou jugées vaines, pour ensuite, quitter SYRIZA, comme aussi l’ensemble la Gauche. Ceci, en dépit du succès très relatif de la liste Varoufákis, nous y reviendrons. Depuis 2015 également les mutations tombent alors du ciel, Airbnb avale Athènes pour la transformer, les touristes arrivent massivement depuis la Chine, et des licenciements très massifs se poursuivent par exemple au sein du secteur des banques.
“Accessoirement”, les banques qui ne sont plus grecques, s’apprêtent à offrir aux spéculateurs et aux autres rapaces internationaux près de 100.000 biens immobiliers (saisis) d’habitations supplémentaires. (...)