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Déchets radioactifs : le Sénat déroule le tapis rouge à Cigéo
Article mis en ligne le 18 mai 2016

C’est passé presque inaperçu : mardi 17 mai, en fin d’après-midi, les sénateurs ont voté pour la relance du projet de stockage géologique des déchets nucléaires Cigéo. Une adoption massive et transpartisane, qui a mis d’accord gouvernement, élus socialistes et des Républicains. « Vous jouez à la roulette », a dénoncé un des rares opposants au texte...

Un consensus massif en faveur de l’enfouissement en profondeur des déchets nucléaires les plus radioactifs. Tel est le résultat du vote de la proposition de loi du sénateur (LR) de la Meuse Gérard Longuet, mardi 17 mai à partir de 17 h 45 au Sénat.

333 élus de la Chambre haute - sur 343 suffrages exprimés – se sont prononcé en faveur du texte, pour 10 votes contre. Par ce résultat, les élus ont décidé une relance de Cigéo, le projet de stockage à 500 mètres sous terre des déchets les plus radioactifs de la filière nucléaire française.

Pourquoi un tel vote, pourquoi maintenant ? La loi du 28 juin 2006 a décidé que ces déchets seront stockés « en couche géologique profonde » sur le site de Bure, à la frontière entre la Meuse et la Haute-Marne, où l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) possède un laboratoire de recherche. Mais le texte précise que l’enfouissement devra être « réversible », sans préciser en quoi consiste exactement cette réversibilité. La définition de la notion était repoussée à une loi ultérieure.

Cette définition légale est chose faite avec le texte de M. Longuet, qui décrit la réversibilité comme « la capacité, pour les générations successives, soit de poursuivre la construction puis l’exploitation des tranches successives d’un stockage, soit de réévaluer les choix définis antérieurement et de faire évoluer les solutions de gestion ». Elle précise en outre que la mise en route de Cigéo démarrera par « une phase industrielle pilote permettant de conforter le caractère réversible et la démonstration de sûreté de l’installation ».

Ronan Dantec, sénateur (écologiste) de Loire-Atlantique s’est retrouvé bien seul à dénoncer un « déni collectif ». Son principal motif d’inquiétude est le coût du projet, évalué à 35 milliards par l’Andra pour l’ensemble de Cigéo (25 milliards par la ministre de l’Environnement Ségolène Royal), dont 6 milliards uniquement dédiés à la phase pilote. Une somme dont EDF, surendettée, ne dispose pas, a martelé l’élu. « Changeons de logiciel », a-t-il plaidé après avoir rappelé que la consommation d’électricité a été presque entièrement couverte par les énergies renouvelables en Allemagne le 8 mai dernier et que les investissements dans les énergies renouvelables dans le monde ont représenté 286 milliards de dollars en 2015, deux fois plus que pour le charbon ou le gaz et bien plus que pour le nucléaire.

« La France est le seul pays à miser sur le stockage profond, a-t-il poursuivi. La moins mauvaise solution serait le stockage à sec en subsurface utilisée aux États-Unis et en Allemagne, bien moins coûteuse et qui garantit une bien meilleure réversibilité. » (...)

Soutien inattendu de l’écologiste, le sénateur (non inscrit) de la Moselle Jean-Louis Masson. « Ancien inspecteur des installations nucléaires, je sais combien le développement de cette filière a été positif pour la nation », a déclaré l’élu, président du parti politique Démocratie et République, proche de l’extrême-droite. Mais « dans cinquante ans, il est évident que les technologies auront évolué, a estimé l’élu. Ne soyons pas hypocrites en jouant sur les mots. (…) Si un stockage est réversible, c’est que l’on peut enlever les matières stockées ! »

Or, la proposition de loi nomme « réversible un stockage qui ne l’est pas, dénonce M. Masson. On y lit que les colis sont récupérables durant la première phase pilote seulement. C’est donc qu’ils ne le seront pas ensuite ! » (...)

Sénteurs socialistes et de Les Républicains sur la même longueur d’onde (...)