
L’enfouissement des « Madame Irma »
Entreposer en surface n’est pas sûr ? Pourtant ils le font !
Nous n’avons pas d’autres choix que de trouver une VRAIE solution
AGIR !
Après une explosion retentissante dès son décollage, et après la pause estivale, voici le « débat public » sur les déchets nucléaires qui annonce reprendre du service ce mercredi. Un service partiel, virtuel, puisque c’est via internet qu’une fraction du public (les seuls internautes) accèderont à un débat contradictoire, et que seule une poignée de questions sera retenue tandis que leurs auteurs n’auront pas la possibilité de pousser les intervenants dans leurs retranchements.
Le thème de la soirée, ce mercredi, a été ainsi choisi par la commission : « Voies de gestion des déchets radioactifs : stockage, entreposage, séparation-transmutation ». Et si le débat, de fond, se posait autrement ?
L’enfouissement des « Madame Irma »
Différentes voies de gestion ? Non, et dans un sujet aussi grave la société est en droit d’attendre un maximum d’honnêteté. La loi du 28 juin 2006 est formelle : ce qui a été retenu comme « gestion » aux pires déchets radioactifs (radioactivité extrême et à durée éternelle) est bien l’enfouissement de ces poisons.
L’affaire serait-elle donc entendue ? Si c’était le cas, cette « solution » ferait l’unanimité des populations, or on assiste à une réalité radicalement différente. Partout dans le monde, dans chacun des pays nucléarisés et lorgnant sur l’enfouissement, les populations refusent cette option, s’opposent, et ce malgré emplois distribués et argent déversé. De plus, si l’enfouissement était la solution réelle, voilà belle lurette que chacun de ces pays aurait son « trou » alors que, ici comme ailleurs, on multiplie les études depuis des dizaines d’années et on engloutit des milliards d’euros en analyses et autres « laboratoires ».
En définitive, peut-on vraiment croire les « Madame Irma », les Géotrouvetout, qui affirment que l’enfouissement des poisons radioactifs est sûr… et sûr pendant les centaines de milliers d’années nécessaires à la disparition de leur virulente radioactivité (et leur toxicité chimique, dont personne ne parle) ? Tandis que nombreux sont les scientifiques, ici et ailleurs, à dénoncer la pseudo solution qui consiste à enfouir, il est à se demander s’il ne faudrait pas comprendre l’enfouissement comme une posture consistant à cacher la bêtise qui a été faite (en produisant ces déchets), cacher ce qui culpabilise et qui fait peur ? Mais la peur n’évite pas le danger : les enfouissements de Asse (Allemagne) et Stocamine (Alsace), avec leurs conséquences catastrophiques (et ô combien coûteuses) devraient ouvrir les yeux, et servir d’enseignement.
Enfin, déclamer à tout va - comme pour se rassurer et se conforter - que les autres (pays) font pareil, enfouir, est-ce là gage que l’option est la bonne ? Dans la cour d’école, quand l’élève Tartempion se faisait tirer l’oreille pour une idiotie faite et que celui-ci se défendait en disant que Machin l’avait faite aussi, le Maître ne rétorquait-il pas, fort judicieusement : « et si Machin allait se jeter à l’eau, tu irais ? »
Entreposer en surface n’est pas sûr ? Pourtant ils le font !
Alors, quoi en faire de ces satanés déchets ? Les garder, les entreposer en surface (ou en sub-surface, à faible profondeur), comme l’avancent certains ? Soyons sérieux là aussi. Les durées de décroissance de la radioactivité sont si longues qu’une telle option ne peut se concevoir en terme de surveillance, de coûts, de risques, etc. Si peu crédible que l’on devrait d’ailleurs se poser des questions sur cette « solution » qui est pourtant retenue pour les déchets nucléaires dits VC (à vie courte), à La Hague (Normandie) et à Soulaines-Dhuys (Champagne). Un entreposage de très longue durée puisque le terme « vie courte » est un abus de langage des « gestionnaires » pour désigner des déchets qui, au bas mot, mettrons plus de 300 ans (!) pour voir leur radioactivité disparaître. On imagine aisément tout ce qui peut se produire de négatif sur de telles échelles de temps. Sérieuse, cette « solution » ? Sérieux, nos « gestionnaires » ?
Encore un mot sur l’entreposage. Il n’est pas rare de lire ou d’entendre les tenants de l’enfouissement affirmer que leurs opposants réclament l’entreposage (en surface ou sub-surface) comme mode de gestion. La manœuvre est grosse : décrédibiliser ainsi les dits opposants, au vu des problèmes liés à l’entreposage. L’inconvénient, c’est que les fameux « opposants » ne réclament pas ça du tout, démontrant par là et de manière indirecte le degré de fiabilité à accorder aux enfouisseurs. Poussons plus loin.
Nous n’avons pas d’autres choix que de trouver une VRAIE solution
Alors, on fait quoi ?
Voilà le moment de poser les valises, de regarder – enfin – la réalité en face, de reconnaître que l’on a un problème majeur avec ces déchets, d’en finir avec la politique de l’autruche. Place au raisonnement, intelligent et responsable.
LA question de fond, avec ces déchets, doit servir de guide : a-t-on le droit de transmettre un tel legs à nos successeurs, à nos descendants sur des milliers de générations ? L’entreposage (surface/sub-surface) n’est pas une option fiable, donc pas une solution. L’enfouissement non plus. Ne reste qu’une voie, non pas neutraliser mais faire disparaître la radioactivité des déchets.
Notre génération, qui a généré ces empoisonnants déchets, a le devoir (ETHIQUE) de mettre toutes ses billes dans la recherche, et ceci au niveau international tant nombre de pays sont également concernés. Nous n’avons pas d’autres choix que de trouver une VRAIE solution ! Une VRAIE solution sous-entend de reprendre tout à zéro, dans le sens où « retraitement », séparation, transmutation, réacteurs génération IV ont montré leurs limites. Reprendre à zéro sans œillères, en exploitant toutes les pistes possibles, comme s’y entend la vraie science. Quant à ceux qui affirment que l’on n’y arrivera pas, laissons-les dans leur obsurantisme, tout en rappelant combien l’histoire des sciences a démontré que ce qui hier était impossible se trouve aujourd’hui banal. Et ceux/celles qui affirment que la science ne peut pas trouver solution aux déchets sont souvent les mêmes qui, pourtant, vouent une foi béate dans le projet ITER, ce projet de fusion nucléaire qui ne vise rien de moins (d’après ses promoteurs) que de « maîtriser l’énergie des étoiles », à grand coup de dizaines de milliards d’euros et de « verrous scientifiques » majeurs à faire sauter (des procédés majeurs à inventer).
Recherche tous azimuts donc, en la stimulant de manière optimum, en y ajoutant le Prix Nobel au bout par exemple, ou/et encore par la vision des marchés à emporter. Et alors que tous s’impliquent dans cette recherche foisonnante, oui on garde ces déchets en surface (ou sub-surface) pour pouvoir les surveiller, les reconditionner au besoin…. en surface comme ils le sont déjà depuis plus de 40 ans (sans que ça gêne aucun de nos responsables) et, pire, comme ils le resteraient encore plus de 100 ans comme le prévoyait le projet d’enfouissement, tant les quantités de fûts et leurs dangerosité obligeraient à un enfouissement des plus lents ! On voit donc qu’en plus, malgré l’urgence à lancer la recherche, le calendrier laisse du temps à celle-ci.
En conclusion, par éthique et pour s’en sortir :
– on met tout le monde autour d’une table, avec vraie volonté de démocratie et de se retrousser les manches
– on regarde enfin le problème en face
– on gèle, on abandonne, tout projet d’enfouissement, on ferme le robinet de production de ces déchets (pour intelligemment limiter les masses à gérer), on ferme également, progressivement, le robinet financier en Meuse et Haute-Marne (cet argent si précieux dans d’autres domaines)
– on lance la recherche tous azimuts, au niveau international, et la France pouvant en être le fer de lance
– on y met les moyens nécessaires, dont les dizaines de milliards d’euros programmés pour l’enfouissement à Bure, plus ceux des autres pays concernés
AGIR !
Vous qui contestez l’enfouissement, qui refusez ces projets, quand on vous demandera avec un grand sourire vicieux quelle est votre solution, vous n’aurez plus à répondre que ça n’est pas aux lanceurs d‘alerte d’apporter solution mais bien à ceux qui ont créé le problème. Et aujourd’hui on a un cap : obliger tous les décideurs à stopper l’enfouissement et à lancer la vraie recherche !
pour s’informer :
pandora, site d’information citoyenne indépendantesur le projet
Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires