
Nouvel exercice, ce lundi en soirée, du « débat public » , sans public, mais avec une ribambelle de spécialistes étrangers venus nous expliquer comment on « gère » les déchets radioactifs dans leurs pays respectifs. On suivra avec grande gourmandise l’intervention du délégué venu du royaume de Belgique, car en Belgique….
quelle histoire ! Vendredi dernier, une information saisissante s’emparait des médias de nos voisins. Une « gélatine » étrange venait d’être découverte s’écoulant de quelques containeurs de déchets nucléaires ! Branle bas de combat général chez Electrabel, Belgoprocess , ONDRAF, AFCN (exploitant de la centrale nucléaire à l’origine des déchets, agence de gestion des déchets, organisme de surveillance). Aucun risque pour le personnel, aucun risque pour l’environnement, est-il affirmé.
L’analyse mérite néanmoins d’être poussée, tant cette étrange matière qui se fait la belle interpelle. Déjà, l’affaire s’avère plus sérieuse qu’annoncée, un examen plus approfondi du hangar de stockage démontrant que ça ne sont pas 5 containeurs qui fuient, mais 42 sur 58 ! De plus, aucun responsable ni aucun spécialiste n’est capable de fournir une explication plausible. Question : comment des containeurs, emplis de poisons nucléaires, qui se doivent d’être étanches pendant des siècles (sinon plus), qui ont été élaborés à grands renforts de modélisation mathématiques et soumis à une ribambelle de tests, comment donc des containeurs dits « sûrs » pour des siècles, peuvent-ils fuir à l’échéance de quelques années ? L’AFCN, organisme de surveillance de la gestion des déchets nucléaires, avoue son grand embarras : " ce n’était pas prévu " concède-t-elle fort gênée.
là se pose la question que nul n’ose soulever :
comment croire ceux qui affirment que l’enfouissement des déchets nucléaires est garanti sûr, et ce sur des centaines de milliers d’années ? comment avoir confiance ?
Aujourd’hui, des réactions chimiques inattendues minent la sûreté d’un enfouissement, hier c’était la découverte de bactéries (micro-organismes) qu’aucun « responsable » n’avait envisagées. Et demain ? et après-demain ?
Dans l’exercice internet du « débat » de ce soir, le délégué de l’ONDRAF (l’ANDRA belge) va-t-il poser cette question de fond, et inviter ses homologues des autres pays invités à en tirer les conclusions vis-à-vis de l’enfouissement ?
A noter que ce délégué pourrait catéchiser bien du monde en cette seule soirée car si la commission du débat public annonce ce lundi un débat « contradictoire », on notera que sur 10 invités, 9… s’affichaient comme zélateurs de l’enfouissement jusqu’à l’affaire de la gélatine. 9 enfouisseurs sur 10 intervenants ! La commission du « débat public » se trouve là magistralement prise la main dans la sac, donnant le bâton pour se faire battre. Pourquoi a-t-elle ignoré les pays qui n’ont pas retenu l’enfouissement ? Pourquoi a-t-elle ignoré les populations, par des délégués, qui partout dénoncent l’achat des consciences par l’argent et l’emploi… et se rebellent contre la fausse solution imposée ?
Déchets nucléaires : le passif démocratique est lourd, notre responsabilité éthique tout autant, ces déchets sont un casse-tête majeur et pourtant ce dimanche : « Le ministre de l’Écologie assure par ailleurs que le "nucléaire va rester à un niveau important" en France, contrairement à l’Allemagne. » ! (...)
Gélatine > pour en savoir plus (dont analyses), parmi les innombrables dépêches :
https://www.electrabel.com/assets/be/corporate/documents/news/130920-ondraf-FR.pdf
http://web4.ecolo.be/?la-gestion-des-dechets-radioactifs
http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_des-futs-radioactifs-suspects-a-dessel?id=8093953
La découverte sur le site de l’entreprise de traitement de déchets nucléaires Belgoprocess à Dessel d’une substance gélatineuse se dégageant de cinq fûts provenant de la centrale nucléaire de Doel, et présente dans une quarantaine d’autres fûts, a suscité diverses réactions politiques vendredi matin, tantôt rassurantes tantôt alarmistes.
On apprenait ce matin que le béton de plusieurs fûts radioactifs entreposés sur le site de Belgoprocess, à Dessel, s’était mis à "mousser" et qu’une substance gélatineuse anormale avait été découverte. L’AFCN assurait immédiatement qu’il n’y avait pas de danger de contamination, ni pour les travailleurs du site, ni pour les riverains.
Anomalie gélatineuse
Cette substance avait été détectée pour la première fois en février dernier lors d’un contrôle de routine effectué par les experts de l’Organisme national des déchets radioactifs, chargés d’examiner les fûts entreposés à Dessel. Les contrôles vont alors se poursuivre sur ce type de fûts et au total, sur les 58 colis inspectés, 42 présentaient cette anomalie gélatineuse.
Pour Electrabel, d’où proviennent ces fûts, la substance serait issue d’une réaction interne au béton dans lequel les déchets sont immobilisés. Du côté de l’Agence de contrôle nucléaire, on indique que ce n’est encore qu’une hypothèse. "En tout cas, ça ne devrait pas arriver, ce n’était pas prévu. Cela pose des questions sur l’assemblage en béton."Des experts enquêtent sur l’origine exacte du problème et la suite à lui donner. D’autres examens et contrôles doivent encore être réalisés.
Le gouvernement belge doit, en principe, adopter prochainement un plan pour le stockage en sous-sol des déchets moyennement et hautement radioactifs. Les découvertes récentes, qui relancent aussi la polémique sur la période de dangerosité des matières entreposées, pourraient jouer sur sa décision.