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Basta !
De plus en plus de voix demandent l’interdiction des armes intermédiaires utilisées contre les manifestants
Article mis en ligne le 4 février 2019

Quarante-trois personnes blessées ou mutilées par les forces de l’ordre viennent de publier un manifeste dans lequel elles demandent « l’interdiction immédiate et définitive » des lanceurs de balle de défense et grenades utilisées pour le maintien de l’ordre. Seront-elles davantage écoutées que le Défenseur des droits et les organisations de défense des droits humains ? Des médecins, constatant la gravité des blessures, ont également lancé une pétition pour un moratoire. Une marche blanche est organisée à Paris ce 2 février, lors de l’acte XII des gilets jaunes, pour dénoncer les violences policières.

« Je condamne les violences d’où qu’elles viennent, et je serai intraitable si elles concernent les forces de l’ordre. Chaque signalement, chaque plainte fait systématiquement l’objet d’une enquête », a assuré le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, au cours du débat nocturne sur la loi anti-casseurs, qui restreint la liberté de manifester, ce 30 janvier. Au moins, le ministre n’est plus dans la dénégation totale des violences policières : « Je n’ai jamais vu un policier ou un gendarme attaquer un manifestant ou attaquer un journaliste », déclarait-il deux semaines plus tôt, en visite à Carcassonne, alors que les signalements de blessures graves, de mains arrachées et de manifestants éborgnés s’accumulaient.

Quarante-trois de ces blessés et mutilés, ainsi que leurs avocats et des collectifs de soutien, se rappellent au bon souvenir du ministre de l’Intérieur. Dans un manifeste publié ce 31 janvier par le Collectif « Désarmons-les ! », ils dénoncent « la violence extrême exercée par les forces de l’ordre à notre encontre et à l’encontre de l’ensemble des manifestant-es au cours des mois de novembre et décembre 2018, ainsi que lors de mouvements sociaux antérieurs et dans nombre d’opérations policières au quotidien, et particulièrement dans les quartiers populaires ». (...)

Le 23 janvier, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et la CGT avaient saisi en urgence le tribunal administratif pour faire interdire les tirs de lanceurs de balles de défense lors des manifestations à venir. En vain : leur requête a été rejetée. Les deux organisations, avec le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France ont également saisi le Conseil d’État sur le sujet. Leur demande a été rejetée le 1er février. Le 17 janvier, c’était le Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui demandait la suspension de l’utilisation de ces armes, espérant que « le gouvernement prendra des dispositions ». En vain également. (...)

Si ces armes ne tuent qu’exceptionnellement – à notre connaissance, flashballs et grenades ont tué quatre personnes en 10 ans (voir ici) [1] – leurs effets marquent cependant à vie celles et ceux qui en sont victimes : « Énucléation, amputation d’extrémité de membre, fracas maxillo-facial et dentaire, traumatisme cranio-cérébral engageant le pronostic vital… Tant de vies ont été ainsi sacrifiées », déplore le neurochirurgien Laurent Thines, chef de service au CHRU de Besançon. Le médecin vient de lancer une pétition pour demander qu’un moratoire soit appliqué. (...)