La moitié des sites naturels inscrits au patrimoine mondial de l’humanité sont aujourd’hui menacés par des développements industriels, notamment dans les secteurs minier et pétrolier.
Autant de lieux inestimables et de refuges pour la biodiversité qui risquent de se trouver à terme rayés de la carte, du fait de notre incapacité à remettre en cause un modèle de développement vorace. Plusieurs multinationales françaises sont impliquées dans des projets qui risquent de dégrader ces sites exceptionnels. Des parcs nationaux africains aux îles arctiques, des forêts primaires asiatiques au bassin amazonien, passage en revue de ces possibles destructions programmées.(...)
Patrimoine naturel en voie de disparition
De manière tout aussi troublante, on observe aujourd’hui une tendance à la réduction progressive ou à la suppression des aires naturelles protégées dans le monde. Selon une étude récente, pas moins d’un demi-million de kilomètres carrés d’aires protégées dans 57 pays auraient ainsi été perdus, sacrifiés au développement industriel(...)
en 2007, le Sanctuaire de l’oryx arabe d’Oman a été retiré de la liste du patrimoine mondial, en raison de l’extension des concessions pétrolières dans la zone. C’était la toute première fois qu’un site du patrimoine mondial était ainsi déclassé [2]. Shell, principal partenaire du gouvernement omanais (Total étant actionnaire minoritaire avec 4% des parts), s’était engagée à ne pas forer sur un site du patrimoine mondial – mais les autorités du pays ont trouvé une solution imparable : réduire la surface de la réserve de 90% ! Inutile de dire que cette réserve ne compte plus aujourd’hui qu’une poignée d’oryx, ce bovidé proche de l’antilope.
La part de responsabilité des multinationales françaises
De nombreuses multinationales se sont solennellement engagées à ne pas développer de projets dans les sites du patrimoine mondial. Aussi salutaires soient-ils, ces engagements ne sont pas sans zones d’ombre. C’est ainsi par exemple qu’en République démocratique du Congo, Total a promis de ne pas forer dans le parc des Virunga, mais pourrait le faire aux abords de la zone protégée, ainsi que dans le parc national de Murchison Falls en Ouganda (voir ci-dessous). Pourtant, les sites du patrimoine mondial souffrent presque autant des effets indirects des activités avoisinantes que de celles qui ont lieu directement sur place.
La liste ci-dessous, non exhaustive, vise à illustrer l’ampleur des menaces qui pèsent sur des sites naturels inestimables – inscrits ou non au patrimoine mondial – et sur ceux qui y habitent, ainsi que la part de responsabilité des multinationales françaises. Y figurent surtout des entreprises pétrolières et minières, car ce sont elles qui opèrent directement dans les territoires concernés. Des secteurs comme l’agroalimentaire ou la grande distribution ont eux aussi une influence néfaste – même indirecte – sur les grandes aires naturelles protégées, à travers leurs chaînes d’approvisionnement. (...)