
Au-delà du débat sur la sortie du nucléaire, tronqué dès l’origine de cette industrie née dans le mensonge, l’opacité et les certitudes assénées d’ingénieurs au service d’un lobby surpuissant, il s’avère aujourd’hui qu’un problème malheureusement prévisible prend une ampleur démesurée :
La dégradations des conditions de travail des sous-traitant-e-s de l’industrie électronucléaire.
(...) A partir du milieu des années 90, le secteur du nucléaire a vu son activité de plus en plus livrée à la sous-traitance pour répondre aux exigences des directives européennes d’ouverture à la « concurrence libre et non faussée » des services publics et pour accroître les profits des nouveaux actionnaires. (...)
81 % de la maintenance du parc nucléaire est aujourd’hui confiée à la sous-traitance (...)
Ces employé-e-s n’ont droit à aucun statut et n’ont pas accès au même suivi médical que leurs collègues statutaires d’EDF et d’Areva, ne disposent pas des mêmes conditions d’emploi soumis qu’ils sont aux fluctuations de l’activité et du marché, ils absorbent 80 % des radiations reçues par l’ensemble des personnels et il est en projet de diminuer le nombre d’examens auxquels ils ont légitimement droit3. Le nombre d’accidents, parfois mortels, est de plus en plus grand et les maladies professionnelles quasiment impossibles à faire reconnaître. Comme partout, la précarité de leur situation les empêche le plus souvent d’en parler. Une véritable réorganisation du travail se met en place dans les centrales, diluant ainsi encore plus les responsabilités4, livrant à la sous-traitance les tâches les plus dangereuses et interdisant l’unité syndicale5.
Un monde du silence qui ne cesse de crier sa colère
Le monde de la sous-traitance dans l’industrie électronucléaire révèle les symptômes exacerbés du libéralisme et du capitalisme qui roulent à tombeaux ouverts, prêts à sacrifier les plus démuni-e-s pour accélérer leur domination. (...)
Ces employé-e-s ont été effacé-e-s de la problématique du nucléaire. Ce sont les invisibles, peut-être encore plus fortement que tout autre de par leur situation et l’industrie qui les exploite, qui ne trouvent aucun écho (ou difficilement) aussi bien dans les médias que dans les les partis politiques et difficilement au sein des syndicats (un frémissement se fait sentir cependant. Sud-énergie est au combat, la CGT vient de sortir un document qui approfondit le problème...) (...)
Si tou-t-es ces ouvrier-e-s sacrifient leurs salaires et parfois leur santé pour se mettre en grève, ce n’est pas pour « conserver des privilèges » comme le laissent trop souvent croire les directions d’EDF, du CEA et d’AREVA, mais juste pour être reconnu-e-s et que les recommandations de l’ASN soient respectées. (...)
le 12 avril 2013, le Conseil d’État a autorisé les dirigeant-e-s d’EDF à limiter le droit de grève dans les centrales nucléaires « pour la sauvegarde de l’intérêt général » ! Paradoxe pour le moins étrange que de permettre à EDF de contraindre des employé-e-s à faire tourner une centrale coûte que coûte pour l’intérêt général alors que celui-ci devrait imposer qu’on l’arrête pour les seules raisons qui mettent les sous-traitant-e-s en grève : les manquements à la sécurité, les négligences face à la santé et à l’hygiène, la violation du droit du travail, le mensonge, le refus d’obéissance aux autorités officielles !
Le monde du travail est passé à tabac par un grand patronat qui lâche ses coups, encouragé maintenant par les institutions et les élu-e-s de la République qui, après avoir voté la transcription de l’ANI dans la loi, refusent l’amnistie sociale et font reculer le droit de grève. Tout ça pour tenter, et c’est une volonté claire, presque revendiquée, d’anéantir la possibilité des luttes et de soumettre encore plus les employé-e-s d’une filière au bord du gouffre. (...)