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le Monde Diplomatique
De Varsovie à Washington, un Mai 68 à l’envers
Article mis en ligne le 28 décembre 2017
dernière modification le 27 décembre 2017

De part et d’autre de l’Atlantique, la montée en puissance de dirigeants conservateurs et nationalistes place les partisans du projet européen et des « sociétés ouvertes » sur la défensive. L’Allemagne voit ainsi s’éloigner deux alliés stratégiques : l’Europe centrale, gagnée par l’autoritarisme, et l’Amérique, tentée par l’unilatéralisme. Ce mouvement sonne-t-il le glas de l’ère libérale ?

En Allemagne, pays de la stabilité, il est un domaine réputé encore plus réfractaire au changement que le culte de la monnaie forte et l’amour des comptes équilibrés : la politique étrangère, qui repose traditionnellement sur la construction européenne et le lien transatlantique. La carte des puissances alliées de Berlin connaît pourtant depuis trois ans une transformation inédite à mesure que la liste des amis comblés se ratatine et qu’enfle celle des partenaires mécontents.

Les rapports avec le président américain Donald Trump oscillent entre le maussade et l’exécrable ; les relations avec la Turquie ont frôlé le point de rupture ; celles avec les pays d’Europe centrale se distendent. En 2015, l’acharnement punitif de l’Allemagne contre le gouvernement et le peuple grecs donnait aux pays latins un frissonnant avant-goût du destin promis aux réfractaires à l’austérité. Cerise sur le gâteau, le vote des Britanniques en faveur du Brexit, en juin 2016, a privé la chancelière Angela Merkel d’un appui libre-échangiste au sein des cénacles européens.

La puissance allemande s’exprimant en premier lieu sur le plan commercial, c’est placé sous ce prisme que ce méli-mélo prend une forme cohérente. À gros traits celle-ci : certains des alliés économiques vitaux de Berlin se posent désormais comme ses adversaires politiques, idéologiques et culturels. (...)

« La situation menace de ranimer un vieux cauchemar allemand, note Gideon Rachman, du Financial Times (7 mars 2017) : la peur d’être une grande puissance isolée au centre de l’Europe. » (...)