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Jean-Marie Harribey, pour Alternatives Economiques
De Rio à Rio, en passant par Bruxelles, Francfort et Athènes
Article mis en ligne le 2 juin 2012
dernière modification le 30 mai 2012

Cette fin de printemps 2012 connaîtra deux anniversaires. L’un de vingt ans, l’autre de sept ans.

Vingt ans après, l’ONU convoque de nouveau à Rio de Janeiro ses pays membres pour leur conter la nouvelle version du développement soutenable, celle qui se nomme, selon les besoins rhétoriques, croissance verte ou économie verte.[1] Comme pratiquement aucun objectif fixé en 1992 n’a été vraiment atteint, au contraire, notamment en termes de biodiversité protégée ou de réduction d’émission de gaz à effet de serre, il faut bien repeindre la maison qui brûle en vert. Et, aujourd’hui comme jadis, la société civile risque d’être piégée.

Nous sommes au bout de l’impasse du capitalisme financiarisé et productiviste. Quelle est la feuille de route proposée par la classe dominante pour en sortir ? Tirer sur la corde jusqu’à ce qu’elle casse. C’est-à-dire imposer l’austérité à perpétuité aux peuples en promettant la croissance verte. L’austérité certaine tout de suite, l’économie verte hypothétique aux calendes… grecques. (...)

Nous arrivons aujourd’hui au carrefour qui était prévisible il y a sept ans lorsqu’il s’agissait de dire non au projet de traité constitutionnel européen. Faut-il obéir au chantage de la classe dominante (austérité renforcée ou éjection du navire) ou bien casser ce chantage et lui opposer une politique sociale qui prenne l’exact contre-pied des avantages que se sont attribués les dominants ?

Ce qui se joue en Grèce ne concerne pas uniquement les Grecs, il concerne tous les peuples d’Europe. Et, inversement, leur réussite dépendra en grande partie du soutien qu’ils obtiendront ailleurs. Et c’est là que le bât blesse. (...)

Certes, François Hollande a provoqué un frémissement de contestation, mais qui n’est pas allé jusqu’à remettre en cause la conditionnalité que le Pacte budgétaire impose pour bénéficier des aides du Mécanisme européen de stabilité (MES). (...)

Pour l’instant, le seul embryon de contestation de l’austérité repose sur les campagnes pour exiger un audit citoyen de la dette publique, pays par pays, et un audit international.
(...)

Malheureusement, le rapport de force en faveur d’une politique différente reste handicapé, d’une part, par la consanguinité des politiques social-démocrates et des politiques libérales, et d’autre part, par la cacophonie qui règne parmi les adversaires de l’Europe libérale. (...)

Ce qui était prévisible et qui aurait pu se faire relativement calmement il y a deux ans, annuler une dette qui ne pouvait être remboursée dans un contexte d’austérité et de récession forcées, devra se faire de façon urgente : annuler cette dette. C’est-à-dire déclarer la mise en défaut de l’État grec, ce qui n’équivaut pas à la faillite, notion qui n’a aucun sens dans le cas d’un État qui ne peut disparaître. (...)

Ou bien on considère que l’Union européenne est une machine à faire de la compétitivité et du profit et, à ce moment-là, il n’est pas besoin pour les pays les plus avancés de s’encombrer des pays les plus en retard. Ou bien on considère qu’elle doit être un espace de démocratie, de coopération et de solidarité, quels que soient les niveaux de productivité du travail des uns et des autres.[6] C’est le critère qui doit présider à tous les autres.
(...)

ce qu’il se passe en Europe a à voir avec la situation sur le plan mondial. La crise européenne est la traduction locale de la crise capitaliste mondiale, dont on sait que ses deux racines sont la contradiction entre capital et travail et la contradiction liée à l’exploitation sans vergogne de la nature. L’itinéraire qui va de Bruxelles à Athènes en passant par Francfort comporte un aller et retour vers Rio

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