
Les détenus ne bénéficient d’aucune clémence, même lorsque leur état de santé se détériore. D’autant plus lorsqu’ils sont incarcérés pour raisons politiques.
Incarcérée depuis cinq ans à la prison de haute sécurité de Kandira, à Kocaeli dans la province de Marmara (nord-ouest de la Turquie), la détenue Aysel Tugluk est en train de sombrer dans la folie. Trous de mémoires, difficultés de mouvement et d’élocution entravent l’autonomie de cette ancienne députée du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche pro-kurde), minée par une forme de démence précoce.
Pervin Buldan, la coprésidente du HDP, s’en est émue après être allée la voir le 24 décembre 2021. « Aysel n’est plus en mesure de s’assumer. » Alors que son état empire, la justice refuse de surseoir à l’exécution de sa peine en vue d’un traitement médical approprié. Les demandes de libération provisoire déposées par ses avocats ont toutes été rejetées. (...)
Les juges ne sont pas pressés d’adoucir le sort de la politicienne, condamnée à plus de dix années de prison en 2020 pour « appartenance à un groupe terroriste », à savoir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rébellion armée kurde), l’ennemi juré de l’Etat turc depuis près de quarante ans. Tout ce qu’Aysel a fait est écrire, parler et prononcer le mot « Kurdistan », à une époque où beaucoup le faisaient, sachant qu’un processus de paix était en cours entre le gouvernement islamo-conservateur et le PKK. (...)