Le gouvernement et M. Montebourg pousse à l’ouverture de nouvelles mines en France. Dans la Sarthe, où cette activité a laissé des terrains très pollués, des écologistes s’opposent à ce projet. Qui créerait très peu d’emplois, comme le montrent les expériences étrangères.
C’est une histoire improbable qui, durant quelques heures, a fait du petit village sarthois de Tennie l’épicentre français de la Journée internationale de lutte contre les projets miniers. Comment un bourg d’un millier d’habitants a-t-il pu ainsi se retrouver engagé dans une mobilisation mondiale, née à l’initiative de mouvements latino-américains dénonçant les désastres écologiques et sociaux causés par l’industrie minière ?
Entre le continent sud-américain et Tennie, le point commun s’étale devant nos yeux en cet après-midi dominicale caniculaire du dimanche 21 juillet, sous forme d’une immense banderole sur laquelle on peut lire « Non aux mines, ni à Rouez ni ailleurs ». Derrière celle-ci, se tiennent une trentaine de personnes munies d’autres pancartes aux slogans explicites : « La Charnie, nouvelle ZAD », « Plus d’emplois = Mensonges » et aussi « Arnaud, la France n’est pas un pays minier ». (...)
Dix-sept communes sont concernées par ce titre qui s’étend sur 205 km². Le titulaire, Variscan Mines, est une société fondée en 2010 à Orléans par d’anciens ingénieurs du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) et filiale à 100 % du groupe minier australien Platsearch. Sur le périmètre du permis de Tennie, Variscan espère trouver du cuivre, du zinc et des minerais connexes, comme le plomb, l’or et l’argent. L’importance de la teneur en cuivre déterminera la rentabilité du site, qui pourrait également renfermer du germanium, un métal utilisé dans l’industrie électronique. La phase d’exploration pourrait commencer dès cet été.
Pour les associations locales, Rouez Environnement ou encore le Collectif pour la sauvegarde de la Charnie, ce permis sonne comme une véritable provocation. Car au cœur du futur périmètre d’exploration, sur le territoire de la commune de Rouez, se trouve un no man’s land entouré d’un haut grillage interdisant l’accès au public, où l’on distingue depuis la route une maigre végétation desséchée et un immense monticule de terre. Entre 1989 et 1997, Elf puis Total ont exploité ici une mine à ciel ouvert. A peine deux tonnes d’or et sept tonnes d’argent en ont été extraites, mais le bilan environnemental, lui, est sans appel : vingt ans après, il subsiste sur le site entre 250.000 et 300.000 m3 de terres stériles et une forte pollution liée à l’utilisation du cyanure.
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Problème, les milliers de m3 ne seront sans doute jamais déplacés ni traités, car trop dangereux... On comprend bien que quand, en 2012, les habitants de la commune apprennent qu’une demande de permis est en cours d’instruction, ils ont la sensation de revenir plusieurs années en arrière.
Depuis, les associations locales et les habitants vont se battre pour tenter de faire échouer l’opération. La mobilisation finira par payer sur au moins un point : le périmètre de l’ancienne mine de Rouez sera finalement retiré du permis de recherche, lequel se trouve aujourd’hui amputé de 8 km². Même si cela peut paraître peu, pour celles et ceux qui ont mené la bataille, c’est déjà une victoire importante. (...)
Près de 300 collectifs locaux sont aujourd’hui toujours mobilisés en France contre l’exploration des hydrocarbures de schiste et « de couche ». Ces collectifs réunis en coordination les 20 et 21 juillet ont par ailleurs tenu à manifester leur solidarité à ceux qui luttent contre les projets miniers dans le monde : à l’occasion de la journée internationale, une trentaine d’autres mobilisations ont été organisées les 21 et 22 juillet en Argentine, au Brésil, au Chili, en Colombie, en Equateur, au Mexique, au Panama, au Pérou, en Uruguay, au Venezuela, mais aussi en Espagne, au Canada … et à Tennie, en France.
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