
A l’issue d’une manifestation de solidarité samedi après-midi à Calais, une centaine de migrants ont investi une entreprise inoccupée. Des dizaines de soutiens ont apporté nourriture, tentes et couvertures. Reportage
Rares sont ceux qui étaient dans la confidence. La manifestation de solidarité avec les migrants, samedi après-midi à Calais, a débouché sur l’ouverture d’un nouveau squat où une centaine de migrants prévoyaient déjà de dormir le soir même. Une information bien gardée pour mener à bien l’opération, soigneusement organisée.
Près de cinq cents migrants, soutiens de Calais et d’ailleurs ont manifesté, samedi, à l’appel des associations les plus investies. Le rassemblement, qui s’est fait aux coups de 14 heures sur la place d’armes, en centre-ville, a vu de nombreux militants associatifs, des membres du PCF, du PG, du NPA, des Verts, mais surtout une participation en nette hausse des Calaisiens eux-mêmes. (...)
Dix jours après ces épisodes répressifs, aucune solution n’a été apportée – les migrants vivent toujours là, mais dans des conditions encore plus précaires. Eparpillés, ils n’ont plus accès ni aux toilettes, ni aux douches. Ce 12 juillet, nombreux étaient les Calaisiens qui n’avaient encore participé à aucune manifestation ; mais qui se sont soulevés pour aider les migrants, améliorer dès maintenant leur quotidien et trouver avec eux une solution durable. Et il y a fort à parier que la manifestation du jour restera dans les esprits. Par la masse des cortèges, la fanfare qui insufflait de l’énergie, les multiples pancartes et banderoles (« Ouverture des frontières », « Pasqua, Hortefeux, Besson, Valls, Cazeneuve… Comme d’habitude »), mais surtout par son parcours. Car après être passé devant l’Hôtel de ville, où plusieurs prises de paroles ont dénoncé les arrêtés municipaux pris par Jacqueline Bouchart (UMP), c’est vers l’impasse des Salines que les cortèges, fournis, se sont rendus.
Une initiative solidaire aménage un squat pour les migrants et l’équipe en vivres (...)
L’initiative, préparée depuis des jours, a été largement saluée par les participants à la manifestation. « Nous n’étions pas au courant, mais c’est ça ou la rue alors franchement, j’espère qu’ils vont rester là le plus longtemps possible » témoignait Cécile, coordinatrice de Médecins du monde présente sur place. L’associative ne cache pas son exaspération du rôle tenu par les pouvoirs publics ; à plusieurs reprises, et la dernière fois le 2 juillet, elle a vu tout le matériel humanitaire fourni par Médecins du monde aux migrants (tentes, couvertures, kit d’hygiènes) entièrement détruit par la police. « En tout cas, nous serons toujours là pour aider directement les migrants, et pour combattre cette situation inadmissible. »