
« Aujourd’hui, 180 rescapés, secourus par les équipes de SOS MEDITERRANEE, sont en attente d’un débarquement dans un port sûr », explique Sophie Beau, co-fondatrice et directrice générale de SOS MEDITERRANEE.
Pendant trois mois, les navires humanitaires comme l’ « Ocean Viking » sont restés à quai, à cause du Covid-19.
(...) L’urgence humanitaire n’a jamais cessé en Méditerranée. Quand face à la pandémie de Covid-19, les trois-quarts de l’humanité se confinaient pour sauver des vies, des hommes, des femmes et des enfants ont continué à fuir sur des bateaux de fortune, ce qu’ils nomment inlassablement l’« enfer libyen ». La Libye, où règnent les réseaux criminels qui utilisent la torture, l’extorsion de fonds, l’esclavage et les sévices les plus barbares, sur des milliers de migrants pris au piège.
Pendant trois mois en ces temps de pandémie, les navires humanitaires comme l’Ocean Viking sont restés à quai. Et s’il fallait encore démontrer que la théorie de l’appel d’air ne tient pas, les traversées ont continué, plus nombreuses encore que l’an passé. Avec 373 victimes dénombrées en 2020, la Méditerranée reste l’axe migratoire le plus meurtrier au monde.
Des protocoles très contraignants
L’Ocean Viking a quitté Marseille le 22 juin dernier avec une nouvelle équipe de marins-sauveteurs et de personnel médical. Des mesures strictes ont été mises en place pour éviter une éventuelle propagation de l’épidémie : quatorzaine préventive pour l’équipage avant de monter à bord, équipements de protection obligatoires, sas de décontamination, zones différenciées sur le navire… Des protocoles très lourds et contraignants pour les sauveteurs pendant les opérations en mer et sur l’espace réduit du navire.
Alors que l’Ocean Viking arrivait au large de Lampedusa, les alertes puis les sauvetages d’embarcations en détresse se sont succédé dès le 25 juin. Déshydratés, épuisés, certains des naufragés dérivaient depuis cinq jours en mer avant d’être secourus.
180 rescapés en attente d’un port sûr, la solidarité européenne en panne
Aujourd’hui, 180 rescapés secourus par les équipes de SOS MEDITERRANEE, lors de quatre opérations, sont en attente d’un débarquement dans un port sûr, qui doit intervenir sans délai conformément au droit international. (...)
Une situation intenable et inacceptable
Depuis une semaine, l’Ocean Viking fait du surplace en pleine mer, l’attente s’éternise et le désespoir gagne les rescapés. Ces personnes sont traumatisées, épuisées, à bout de nerfs. Beaucoup ont des idées suicidaires.
Hier après-midi, deux personnes désespérées se sont jetées à l’eau. Elles ont été secourues par nos équipes, mais les tensions montent à bord et la situation devient intenable.
Mais que fait l’Europe ? Faut-il déplorer un mort à bord du navire pour que les ports s’ouvrent enfin ? Où sont les leçons tirées de la pandémie ? En mer, à terre, n’avons-nous pas appris que chaque vie compte et qu’elle est d’égale valeur ?
L’Europe doit respecter le droit, et assumer ses responsabilités. Face à la défaillance des États, aujourd’hui comme il y a 5 ans, nous lançons un appel urgent aux citoyens pour relayer notre cri d’alarme et nous aider à poursuivre notre mission.