
"Histoire globale", "histoire connectée", "world history"… Quel que soit le nom qu’on préfère lui donner, un important mouvement scientifique et éditorial semble ébranler, en France comme à l’étranger, les représentations communément admises de la coexistence et de la mise en relation des peuples.
Derrière une cette variété d’étiquettes au demeurant énigmatiques s’esquisse en somme une nouvelle histoire des Grandes découvertes prises comme événements organisateurs du "grand désenclavement"1 ou de "l’invention du monde"2. En écho à la mondialisation et dans un échange renouvelé avec l’anthropologie émerge un nouveau discours historique sur la planète des hommes, une vision décentrée qui entend écorner une certaine domination symbolique (et culturelle) de l’Occident établie au moyen d’un "vol de l’histoire" (...)
De diverses manières, le regard de certains historiens change ainsi d’échelle et se détourne des grandes fresques totalisantes de la "grammaire des civilisations"4 pour mieux se concentrer sur l’analyse resserrée de leurs points de rencontre – effective ou manquée. Assumant le choix d’un renoncement aux récits nationaux et/ou téléologiques, ceux-ci se livrent dès lors à une histoire qui entreprend d’affronter selon divers détours la question de l’altérité. Une moderne histoire moderne ; une histoire d’aujourd’hui, tournée vers le présent.
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