
Tempête dans une tasse bourrée d’insignifiance. Nouvelles politiques depuis Athènes... comme d’un gouvernement empêtré dans l’application viscérale de son mémorandum III. Pays qui saigne jusqu’aux Cyclades visiblement prospères. “Nous ne devrions plus verser cette nouvelle taxe immobilière, mais alors tous ensemble, sans exception, cette saignée est incurable... Crétins !”, criait encore hier un éleveur dans le principal café d’un village perché sur la montagne de Naxos. Terroirs... spasmodiques.
(...) Et bien autour dès des villages dans les montagnes de Naxos, tout le monde se prépare pour un hiver que les catastrophologues et autres oracles des télévisions, annoncent comme déjà rude jusqu’à la répétition fréquente de “phénomènes extrêmes”. La répétition de phénomènes météorologiques imprévisibles et irrésistibles étant la cause déterminante des désordres... et ainsi autant de la mécanique sociale imposée, c’est bien connu mais rarement répété.
Les habitants ramassent et préparent leur bois destiné au chauffage, dans l’ordre... ou parfois dans le désordre, à Naxos comme partout ailleurs en Grèce en ce moment. Le dernier raisin... au pays de la dernière raison cohabite donc avec les premières oranges, les terrasses des cafés sont désertées, c’est l’occasion enfin pour leurs patrons, de retrouver les leurs dans la quasi-intimité et diluer au mieux et de concert... les affaires du village ou du plus vaste monde au-delà de l’Égée, suite à une saison touristique bien profitable aux dires de tous.
Cependant, et pareillement pour tout décor, l’envers subsiste également dans les Cyclades. Sauf qu’il faut gratter un peu pour le découvrir. Angelikí, tient un petit commerce dans la capitale de l’île. Mère de deux enfants, elle se pose tant de questions quant à son avenir et elle estime que de nombreux Naxiotes n’osent pas s’aventurer si loin dans leurs analyses de la même situation. (...)
Le passé s’expose et l’avenir ne se dessine plus dans ce pays. Dans une récente tribune ayant incontestablement du sens, intitulée : “L’insanité comme option”, l’universitaire et philosophe Chrístos Yannaras, propose sa définition du déclin : “C’est la mutation... logique, de la pathologie en physiologie”.
Et il dénonce à sa juste manière, ce que tous les Grecs, à la façon d’Angelikí de Naxos, ont pu constater avec tant tristesse et de colère : “Alexis Tsipras n’est plus le même homme après ces mois passés, occupant le poste de Premier ministre. La différence est criante, même si parfois il n’est même plus nécessaire d’en rajouter, et surtout pas en argumentant. Alexis Tsípras a perdu tout son vocabulaire de combattant, désormais, il pratique la langue de l’autosuffisance. Il ne se mesure plus face aux buts fixés, seulement il bavarde de manière apologétique, embellissant ainsi sa propre autodéfense, en suivant à la trace les piètres agissements de ses prédécesseurs lilliputiens”, (Chrístos Yannaras, quotidien “Kathimeriní” du 25 octobre).
Pour d’autres, le verdict serait plus... flottant. Trois officiers de la marine marchande à la retraite, commentent à leur manière cette actualité, dans un café près du port à Naxos. “Tsipras, est alors le moins coupable des politiciens... sauf qu’il s’est montré bien c... pour capituler de la sorte. Cela ne mène plus à rien. Les télés préparent progressivement l’opinion pour qu’elle accepte l’idée du bail in des dépôts restants, déposés auprès des banques. Tsipras aurait mieux fait de nous préparer pour passer deux ans difficiles, mais en nous délivrant de la pieuvre. Dommage. Alors personne ne peut prévoir la suite dans le versement des retraites, après, ou même avant Noël. Cette situation ne tiendra plus trop longtemps... et nous sommes bien vieux pour reprendre du service à bord des navires”. (...)
les nouvelles depuis Athènes, monotones à souhait, font toujours état d’un gouvernement empêtré dans l’application viscérale de son mémorandum III. La presse de cette fin de semaine croit même révéler que les hôpitaux du pays sont à l’agonie. Bonne blague.
De nombreux services sont en réalité sur le point de fermer, plusieurs milliers de postes de médecins et de soignants manquent cruellement suite aux départs à la retraite, suite aux démissions causées par l’épuisement, deux médecins à l’âge de la trentaine ont succombé, suite respectivement à une crise cardiaque et à une AVC durant leur service, suite enfin et surtout, au départ à l’étranger de plusieurs milliers d’entre eux depuis la politique de la mise à mort volontaire du système de santé. Politique d’ailleurs qui se poursuit sous le gouvernement Tsipriote, mémorandum III oblige. (...)