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Cristina De Robertis : « On peut se demander si la crise dans le travail social est vraiment une crise de recrutement ».
Article mis en ligne le 1er juin 2022

Cristina De Robertis nous a présenté hier sur ce blog la 3ème édition du manuel « l’intervention sociale d’intérêt collectif : de la personne au territoire ». Intéressons-nous aujourd’hui à ce qu’elle pense de la crise actuelle qui secoue les acteurs du travail social. (...)

Cristina, quel regard portes-tu sur la crise actuelle des recrutements dans le travail social, sa « faible attractivité », le fait que des diplômés quittent le secteur ?

« On peut se demander si cette crise est vraiment une crise de recrutement. Ne serait-elle plutôt liée à une série d’exigences et options inappropriées des politiques sociales et de leur mise en œuvre par des institutions bureaucratisées et rigidifiées ?

La question récurrente est : comment faire du vrai travail social dans un contexte si peu porteur ? C’est-à-dire comment prendre le temps qu’il faut avec les personnes pour les accompagner dans leur évolution à leur rythme ; comment adapter les dispositifs aux personnes et les utiliser comme des moyens en fonction de leurs besoins et non tenter, faute de mieux, de les faire rentrer dans des cases préétablies ;

Comment développer le pouvoir d’agir des personnes si nous-mêmes sommes contraints dans des protocoles, procédures, délimitations bureaucratiques qui enlèvent le sens de notre travail ? Je pense que le problème est là.
Le travailleur social face à un certain désenchantement

« Le travailleur social a besoin de sens, de pouvoir mobiliser des énergies positives et de s’occuper des personnes avec souplesse, initiative et créativité. Ces éléments sont manquants et peu pris en compte dans l’organisation actuelle des politiques sociales ; mener à bien un « vrai » travail social est une lutte permanente et les mouvements actuels le soulignent. Cela provoque un certain désenchantement.

Dans ces conditions, c’est peut-être un bon signe que les jeunes ne postulent plus aux formations des professions sociales, car elles ne correspondent pas à leurs idéaux de venir en aide aux personnes vulnérables (...)

Des salaires dérisoires…

« Le problème est aussi ailleurs : il y a certes ce manque de sens, manque d’autonomie et d’initiative, manque de possibilités et de réponses pour les personnes. À cette liste, on peut aussi ajouter des salaires dérisoires. Cette situation n’est pas exclusive au travail social, on retrouve cette même problématique de manière récurrente chez d’autres professions : enseignants, soignants… Évidemment, il faut que tout cela évolue. »