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Crise : l’Espagne m’apprend comment « sortir de ma zone de confort »
Article mis en ligne le 8 novembre 2012
dernière modification le 5 novembre 2012

Diplômée, polyglotte, Sarah a travaillé huit mois dans un call center de Barcelone, en plein boom, qui se sert des nouvelles lois pour payer moins ou virer son personnel.

(...) Les perspectives professionnelles qu’offre désormais Barcelone à ses expatriés se sont considérablement obscurcies. Mais comme souvent, le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Les uns (j’étais de ceux-là) sont la multitude des jeunes ayant eu recours à une délocalisation volontaire à la recherche du soleil.

Les autres, ce sont ComputaCenter, mais aussi Avis, Sellbytel, Colt… les « call center », entreprises ayant eu recours à l’externalisation stratégique vers Barcelone dans le but de « capturer » une main-d’œuvre diplômée et polyglotte. (...)

La mission était la suivante : feindre une connaissance en IT (technologies de l’information, en anglais) souvent inexistante, et transférer le problème vers une autre équipe, externalisée en Inde. Une belle complicité est ainsi née entre moi et les ingénieurs indiens, sous-payés comme il se doit : j’étais leur voix auprès des clients, ils étaient mon cerveau.

La tâche était répétitive, et son utilité sociale difficilement identifiable. Pour nous aider à ressentir l’émotion qui nous faisait parfois cruellement défaut, l’entreprise nous offrait gracieusement des motivations plus concrètes :

 perte d’une journée de salaire après trois retards supérieurs à 59 secondes ;
 suspension d’une à deux semaines non rémunérées après un certain nombre de « fautes » ;
 publication systématique des retards de chacun à toute l’équipe ;
 journées de huit à douze heures face à un écran ;
 mise sur écoute des appels reçus.

Mais ne vous méprenez pas, la société savait aussi nous gâter quand il le fallait.

Nous avions droit à de nombreux avantages, tels que des réductions pour des centres de beauté et salles de sport, une option pour une nuit d’hôtel à 99 euros, de régulières « beuveries » organisées, et l’acquisition d’une mutuelle qui ne rembourse qu’une visite médicale et ne prend en charge aucun soin. (...)