
Observateurs et analystes de la vie littéraire, les chercheurs se sont très vite penchés sur le problème de la création numérique. Dans ce domaine encore indéterminé, toutes les pistes de réflexion sont ouvertes : un vaste terrain de jeu pour l’Université
Avec la volonté de dépasser une première phase de recherches purement théoriques, Serge Bouchardon, enseignant et chercheur à l’Université de Technologie de Compiègne et lui-même auteur numérique, se consacre à l’analyse de la création et des pratiques. (...)
La première thèse portant sur la littérature numérique date du début des années 80. Cependant, on peut considérer que l’Université a vraiment commencé à s’intéresser à la littérature numérique dans les années 90, notamment à travers les conférences H2PTM (Hypertextes et Hypermédias). (...)
L’écriture numérique peut apparaître comme spécifique dans la mesure où elle propose des caractéristiques techniques, mais aussi sémiotiques et sociales spécifiques. Ou plutôt pourrions-nous avancer que c’est l’interaction entre ces trois dimensions – technique, sémiotique et sociale – qui présente des spécificités. L’articulation du technique, du sémiotique et du social se fait en grande partie de manière différente sur un support numérique et sur un support imprimé. (...)
La mobilisation d’un lien hypertexte, permettant d’accéder à un nouvel élément de contenu parfois fort distant de la lecture en cours, ou fortement décontextualisé, favorise la désorientation et compromet la lecture. Pour ces raisons notamment, et malgré d’indéniables potentialités narratives, les récits hypertextuels n’ont jamais vraiment réussi à s’étendre au-delà d’un cercle d’initiés de praticiens et de théoriciens et à toucher un large lectorat.
Dans les créations, l’accent a été progressivement moins mis sur la non-linéarité que sur d’autres possibilités offertes par le numérique : la dimension multimédia, mais surtout d’autres formes d’interactivité pour le lecteur que le seul fait de cliquer sur un lien. Il est par exemple possible pour un lecteur de manipuler un contenu à l’écran ou encore de produire lui-même du texte, qui peut venir s’insérer dans le texte du récit lui-même. Les récits hypertextuels en tant que tels sont ainsi de plus en plus rares sur internet.
En revanche, on constate la prolifération de récits interactifs (...)