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Covid-19 : quand et comment la pandémie prendra-t-elle fin ? Voici les hypothèses des scientifiques
Article mis en ligne le 11 janvier 2022
dernière modification le 10 janvier 2022

Si la transformation du Sars-CoV-2 en épidémie saisonnière est possible à relativement courte échéance, rien ne dit que la situation actuelle ne pourrait pas se prolonger au moins l’an prochain.

1L’éradication totale du virus : très improbable

C’est l’hypothèse dont tout le monde rêve : après nos vaillants efforts, le Sars-CoV-2 disparaît de la surface de la Terre. Cela s’est déjà produit dans le cas de la variole, que l’OMS a proclamée éradiquée en 1980. Soit plus de vingt ans après en avoir fait une maladie à éliminer et près de deux siècles après la mise au point d’un procédé de vaccination. Un délai difficilement acceptable aujourd’hui.

Ce scénario, extrêmement rare, est de toute façon très peu probable dans le cas du Covid-19, estiment les experts interrogés par franceinfo. (...)

D’une part, "les efforts assez durs qui peuvent être demandés à la population, notamment en termes de contrôle des déplacements", nuisent à son acceptabilité sociétale, note le chercheur Samuel Alizon. D’autre part, plusieurs pays ayant adopté la stratégie "zéro Covid" étaient aidés par le caractère insulaire de leur territoire (Australie, Nouvelle-Zélande), qui leur a permis de mieux contrôler leurs frontières. Ce scénario requiert en outre une maîtrise très fine du "contact tracing", afin de pouvoir détecter et isoler rapidement tout nouveau cas. Une compétence sur laquelle la France n’a pas su miser suffisamment lorsqu’elle était entre deux vagues, regrette le spécialiste. Et ce, malgré la recommandation du Conseil scientifique de développer nos capacités de "tracing", par exemple dans des avis de juillet et d’octobre. Cette stratégie se heurte par ailleurs aux évolutions plus récentes du Covid-19. (...)

"La politique ’zéro Covid’ est devenue difficile avec les variants Delta et Omicron car ils sont plus contagieux, donc il faut réussir à prendre des mesures de contrôle de l’épidémie encore plus tôt."
Samuel Alizon, directeur de recherche au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie à france info (...)

3La cohabitation avec le virus : probable… à une échéance incertaine

Et s’il ne fallait pas chercher à faire disparaître totalement le Covid-19, mais attendre de pouvoir vivre avec ? En janvier 2021, près de 90% de la centaine d’experts – immunologistes, virologues et spécialistes des maladies infectieuses – interrogés par la revue Nature (en anglais) sur l’avenir de la pandémie estimaient que la situation finirait par évoluer vers un état endémique. Dans ce scénario, le virus continue à circuler, surtout en hiver, mais l’immunité collective conférée par l’infection et par la vaccination est suffisante pour prévenir la majorité des formes graves. Les conséquences de sa circulation seraient comparables à celles des épidémies de grippe, qui ont lieu chaque année en France sans désorganiser la société. Il pourrait toutefois être nécessaire de se refaire vacciner régulièrement pour maintenir un niveau d’immunité important, et d’avoir parfois recours à des mesures de restrictions en cas de vague un peu plus importante.

Ce scénario est jugé probable par beaucoup d’experts car quatre autres coronavirus déjà connus, HCoV-OC43, HCoV-229E, HCoV-NL63 et HCoV-HKU1, se comportent ainsi. (...)

Dans quels délais ce scénario se réaliserait-il ? C’est la grande inconnue. Une étude publiée dans Science (en anglais) en janvier tablait sur une durée allant de "quelques années" à "quelques décennies". L’article du Lancet paru en juillet évoque "trois à cinq ans". Mais l’arrivée du variant Omicron a bouleversé ces prévisions. (...)

La sortie de crise pourrait donc s’annoncer dès le printemps 2022, selon certains. Mais là encore, impossible de garantir ce scénario. Le passage d’une situation pandémique à endémique repose sur l’immunité de la population mondiale face au virus. Or, une grande partie de la planète n’est pas encore vaccinée, a rappelé fin décembre le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il faudrait que "70% de la population de chaque pays soit vaccinée d’ici au milieu de l’année prochaine" pour en finir avec la pandémie en 2022, selon lui. Au 4 janvier, seule 49% de la population mondiale était entièrement vaccinée, selon la base de données Our World in Data (en anglais). De grandes inégalités régionales subsistent : alors que 69% de la population de l’Union européenne est entièrement vaccinée, c’est le cas de seulement 9% des habitants du continent africain.

Au-delà de l’inéquité vaccinale, l’immunité conférée par l’infection ou les vaccins dans le temps et face aux futurs variants pèsera énormément sur l’avenir de la pandémie. L’arrivée d’Omicron a montré que les vaccins constituent une barrière importante face aux formes graves, mais doivent être complétés d’au moins une dose de rappel pour conserver un niveau élevé de protection, et ne protègent pas aussi bien qu’espéré de la transmission (tout comme une infection passée). Or, un variant qui échappe au système immunitaire est le pire cauchemar des experts.

4Un variant grave qui échappe au système immunitaire : possible… et désastreux

Contrairement à ses prédécesseurs, le variant Omicron a aussi contaminé massivement des personnes ayant déjà été infectées ou ayant reçu deux doses de vaccin. "Si cela se produit une fois, il n’est pas aberrant de penser que cela puisse se reproduire dans le futur", note Samuel Alizon.

Si Omicron ne semble pas causer de formes graves à la réinfection, cela pourrait être le cas d’un prochain variant, s’alarme l’OMS. (...)

Jusqu’à l’arrivée d’Omicron, qui fait exception, "l’évolution [du Sars-CoV-2] a conduit à une augmentation progressive de la contagiosité et de la létalité des variants", s’inquiète aussi Gilbert Deray, chef du service de néphrologie de la Pitié-Salpêtrière, dans L’Express.

Si un tel variant devait faire son apparition, il faudrait mettre à jour les vaccins pour retrouver un niveau d’immunité permettant une circulation endémique. Un processus sur lequel les laboratoires assurent depuis plusieurs mois travailler, en ce qui concerne les variants Delta et Omicron, sans que ces nouvelles versions soient pour l’instant commercialisées. En attendant une mise à jour, les cas graves liés à un autre potentiel variant continueraient d’affluer dans les hôpitaux et le nombre de morts de grimper. Il n’aurait pas besoin d’être très virulent pour désorganiser la société. Selon un simulateur développé par l’équipe de Samuel Alizon, si 50% de la population française était contaminée cet hiver au variant Omicron, a priori moins létal que son prédécesseur Delta, "il y aurait, au vu des connaissances actuelles sur l’immunité et la virulence, environ 20 000 admissions en réanimation". Soit l’équivalent "de tous les services de réanimation pleins pendant deux mois uniquement avec des patients Covid".

Heureusement, l’arrivée massive des traitements antiviraux, tels que le Paxlovid, prévue en 2022, pourrait permettre d’éviter ce scénario du pire. (...)

Ce qui est certain, c’est que l’évolution de l’immunité et la nature des prochains variants seront clés.