
Le couvre-feu à 18 heures, mis en place le 15 janvier dernier, n’a pas ralenti la circulation du coronavirus à Toulouse. Au contraire. Dix jours plus tard, le taux de personnes positives au Covid-19 a augmenté plus rapidement. C’est ce que montre une étude menée par le laboratoire de virologie du CHU de Toulouse sur l’aire urbaine et ses 1,3 million d’habitants. (...)
« Nous actualisons régulièrement nos courbes, notamment pour mesurer comment une mesure sanitaire (type couvre-feu) ou un évènement social (comme les fêtes de fin d’année) peut impacter la dynamique de diffusion du virus », rappelle Chloé Diméglio, docteur en mathématiques appliquées, biostatisticienne dans le laboratoire de virologie du Pr Jacques Izopet au CHU de Toulouse.
Fêtes de fin d’année : impact minime sur la diffusion du virus
Les chercheurs toulousains ont d’abord évalué l’effet des fêtes de fin d’année sur l’augmentation du nombre de cas positifs à la Covid-19 dans l’aire urbaine toulousaine (bassin de 1,3 million d’individus).
« Cet effet a eu lieu, mais il a été assez faible. À Noël, à Toulouse, le nombre de tests positifs Covid-19 était un des plus bas de France, à 4 %. Nos calculs prévoyaient une augmentation ’’normale’’ de ce taux de positivité entre 7 et 8 % entre le 10 et le 15 janvier. Il a finalement atteint 8,5 %, c’est la trace d’un petit relâchement de la part de la population », explique Chloé Diméglio.
Selon les modèles du laboratoire de virologie du CHU de Toulouse, la mise en place d’un couvre-feu à 18 heures aurait dû aplatir la courbe d’incidence et retarder à début février le cap des 10 % de personnes positives au SARS-Cov-2 dans l’aire urbaine toulousaine. La mise en place du couvre-feu à 21 heures (le 16 octobre) avait produit cet effet ralentisseur sur la dynamique de diffusion du virus.
Cette fois, le couvre-feu à 18 heures, entré en vigueur le 15 janvier n’a rien retardé. Au contraire. « Nous avons atteint les 10 % de positivité au Covid entre le 20 et le 24 janvier. Or, par expérience, nous savons qu’une mesure sanitaire ou un événement social se traduisent sur la dynamique de diffusion du coronavirus dans les 7 à 10 jours qui suivent. Le fait d’avoir concentré la circulation des personnes aux mêmes horaires est peut-être un effet indésirable du couvre-feu à 18 heures, à Toulouse en tout cas », souligne Chloé Diméglio.
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« Ce que nous avons observé vaut seulement pour Toulouse et montre bien que les situations épidémiologiques peuvent être très différentes d’une région, d’une ville, d’une zone à une autre. Nous l’avions déjà observé cet été lorsque les préfets avaient la main pour adapter les mesures à leur territoire ».
Des conclusions qui pourraient plaider pour des mesures territorialisées.