
Chaque jour, plus d’un millier de nouveaux malades du coronavirus arrivent dans les hôpitaux et des centaines dans les services de réanimation. La tension est telle que pour pouvoir les accueillir et les soigner, les hôpitaux ont dû procéder à des déprogrammations, c’est-à-dire à reporter des opérations ou des rendez-vous moins urgents. Il y a près de 80 % de déprogrammations dans les hôpitaux en Ile-de-France, 70 % à Rouen ou encore 40 % en Dordogne par exemple pour augmenter les capacités en lits de réanimation.
Un report des opérations qui n’est pas sans conséquence. "Il y a une perte de chance pour ces patients" (...)
(...) Renaloo, association de patients et de proches agréés, maladies des reins, insuffisance rénale, dialyse, greffe. Renaloo et 26 autres associations de malades à risque de forme grave du Covid-19 ont signé une tribune dans Le Monde car elle s’estiment "absentes des préoccupations des dirigeants" et alertent sur les conséquences dévastatrices de la pandémie.
De lourdes conséquences physiques et psychologiques
Selon Renaloo, plus d’un millier de transplantations rénales n’ont pas eu lieu en 2020. "On est très inquiets de ce défaut de prise en charge pour les patients qui sont en attente d’une greffe qui est un soin vital, je le rappelle, et qui aujourd’hui, selon le lieu où ils sont inscrits en attente, peuvent être exposés à des suspensions d’activité, indique Magali Léo. C’est le cas dans plusieurs établissements où on a aujourd’hui interrompu, par exemple, la greffe à partir de donneurs vivants. On a donc des patients qui sont en attente, avec un risque de dégradation de leur état de santé, un maintien de ces personnes en dialyse, avec des risques pour leur qualité de vie, pour les chances de la greffe future." (...)
La perte de chance, les douleurs, les angoisses ressortent en effet des témoignages. "Tous ces déprogrammés ce sont des bombes à retardement. Aujourd’hui on parle des morts du Covid mais dans quelques années, on parlera de quels morts ?", interroge Sylvie Courvalet-Jouette, une habitante de l’Eure rencontrée par France Bleu Normandie. Elle parle pour son mari dont la mâchoire est en partie détruite à cause d’un cancer de la langue. Gérard a subi une première greffe en 2018 mais la seconde a été reportée deux fois à cause des confinements. Son état de santé se dégrade et le couple craint aujourd’hui qu’on finisse par lui dire qu’il n’y a plus rien à faire. (...)
"Nous pensons que les patients fragiles au regard de leur état de santé sont en effet sacrifiés ou tout au moins oubliés des stratégies de lutte contre contre le Covid-19", explique Magali Léo.
Renaloo vient de lancer un "observatoire des pertes de chance liées au Covid-19". (...)
La Conférence nationale de santé, organisme consultatif auprès du ministre de la Santé, recommande par ailleurs dans un "point de vigilance Covid-19", mis à jour le 16 février, "qu’un accompagnement psychologique et social doit être systématiquement proposé et, si nécessaire, assuré pour les personnes subissant une déprogrammation de soins".
Elargir la vaccination
Renaloo demande aussi d’élargir la vaccination à tous ces patients car tous n’ont pas encore pu être vaccinés (...)