
Elles et ils prennent des risques pour dénoncer comment entreprises et gouvernements bafouent leurs obligations climatiques. Une plateforme vient de se créer pour soutenir ces lanceuses et lanceurs d’alerte de plus en plus indispensables.
Justin Williams était manager dans une entreprise australienne de charbon quand il a révélé en 2020 que son employeur falsifiait les certificats de qualité du combustible destiné à l’export. Il avait d’abord signalé ce problème à ses supérieurs, avant d’être licencié.
Comme les salariés de la finance qui ont révélé les pratiques systématiques d’optimisation fiscale de grandes banques européennes, le cadre australien est un lanceur d’alerte. Les informations qu’il a rendues publiques ne concernent pas la fraude fiscale, mais les mensonges d’une entreprise qui a des effets directs sur le climat.
« Beaucoup d’associations environnementales se posent aujourd’hui la question de comment protéger d’éventuels lanceurs d’alerte climatique, pointe Gabriel Bourdon Fattal. L’homme anime déjà la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (Pplaaf), créée en 2017 à l’initiative d’avocats de plusieurs pays.
Accompagnement psychologique et gestion des risques (...)
l’équipe de la plateforme a « réalisé qu’il y avait une lacune sur la protection des lanceurs d’alerte environnementale et climatique, pas seulement en Afrique, mais dans le monde entier, précise Gabriel Bourdon Fattal. Alors que la corruption et les énergies fossiles vont, par exemple, souvent main dans la main. »
Pour pallier ce manque, la Pplaaf et un groupe d’ONG et de scientifiques ont lancé lundi 5 juin un nouveau réseau, « Climate Whistleblowers »(CW), dédié à la protection des individus qui dénoncent les méfaits climatiques des entreprises et des administrations. « S’il y a une protection, il y aura plus de lanceurs d’alerte environnementale », espère Gabriel Bourdon Fattal.
Parmi les partenaires et soutiens de CW figurent des ONG telles que Notre affaire à tous, les Amis de la Terre et The Signals Network, et des collectifs internationaux de journalisme d’investigation comme la plateforme Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). (...)
« Face à des gouvernement imprévisibles ou autoritaires, c’est plus difficile pour des individus de prendre le risque de parler. Il faut d’autant plus être préparé à les aider, souligne Anna Myers, présidente du nouveau réseau Climate Whistleblowers et directrice du réseau international d’alerte Whistleblowing International Network (WIN). Le climat est la plus sérieuse menace à notre planète aujourd’hui, cela affecte tout le monde. Il est crucial d’avoir la possibilité d’avoir ce type plateformes qui peut offrir rapidement aux lanceurs d’alerte le soutien dont ils ont besoin et faire en sorte que les révélations aient de l’impact. »
« L’objectif de l’initiative est aussi de faire monter cette notion d’alerte climatique dans le débat public, ajoute Cécile Marchand, d’ARIA. Avec la pression publique qui augmente sur les enjeux climatiques, on s’attend à ce que dans les prochaines années, entreprises et gouvernements viellent cacher de plus en plus d’informations. » Il faudra de plus en plus de courageux insiders pour les révéler.