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Greek Crisis
Contours inimaginables
Article mis en ligne le 13 janvier 2015

Notre immense modernité surclassée, sait encore et précisément, comment remanier les faits ainsi que leurs symboles. Et cela, jusqu’au détournement... bouclé. Il y a un moment déjà, pendant la deuxième moitié du siècle antérieur, que Günter Anders, lequel ne s’accommodait plus du tout des illusions de l’historicisme occidental, écrivait alors ceci : “Notre défaut fondamental, (c’est) notre incapacité à nous imaginer autant de choses que nous sommes capables d’en produire et d’en faire fonctionner”. Pour le meilleur et surtout, pour le pire.

Au moment même que se déroule la campagne électorale en Grèce, et pendant toute sa durée (le scrutin législatif aura lieu le 25 janvier), de nombreuses tonalités politiques alors porteuses de l’hétéronomie “démocratique” parmi les plus insidieuses du genre, à l’instar de François Hollande (déclarations du 5 janvier 2015), se sont exprimées pour répéter en somme ceci : quoi qu’il arrive, c’est à dire, indépendamment du vote, les Grecs doivent respecter les engagements (en effet, pris en leur nom), par les gouvernements de la Troïka. Ceux précisément qui pratiquent tant de violations répétées de l’esprit comme de la lettre même de la Constitution, engagements pour tout dire conduisant tout droit vers un régime politique de la méta-démocratie... rotatoire, sur le dos des roturiers et des autres... assistances trop ordinaires. (...)

Je répète que la Troïka, composée du Fonds monétaire international, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne ont fait irruption dans la vie quotidienne en Grèce en 2010, mettant le pays sous sa tutelle. Depuis, la société grecque est entrée dans une nouvelle historicité dont elle n’imagine toujours pas les contours, et d’abord, par ce qu’elle ne les a pas inventés.

Et au-delà de la novlangue de l’économisme et du journalisme mainstream, cette “stratégie du choc” ainsi vécue et pratiquée, ne laissera plus aucun répit à la population. Multirisque pour pratiquement l’ensemble de la société et pour sa cohésion, multidimensionnelle par sa conception, cette stratégie s’apparente effectivement à un “choc total”, introduisant un régime politique aux antipodes de celui de la démocratie, déjà de type occidental, (en passant par la paupérisation, la généralisation de la gestion des sociétés par la peur et aussi, par la répression et le “sécuritarisme” ambiants). (...)

Les gouvernants apparents de cette piètre Europe (dont les méta-nazifiés de Kiev), ont paradé hier à Paris pour dire “qu’ils étaient Charlie”, surfant alors sur l’émotion réelle du peuple de France, fort heureusement encore vivant et réactif, pour ainsi en faire de la bouillie réchauffée dans... les micro-ondes de la propagande. Et certains grands médias dans toute leur petitesse habituelle, ont superbement rempli ce rôle. Le sentiment, sa canalisation médicamenteuse (c’est à dire médiatique et orchestrée), au lieu et place de l’analyse et du raisonnement.es gouvernants apparents de cette piètre Europe (dont les méta-nazifiés de Kiev), ont paradé hier à Paris pour dire “qu’ils étaient Charlie”, surfant alors sur l’émotion réelle du peuple de France, fort heureusement encore vivant et réactif, pour ainsi en faire de la bouillie réchauffée dans... les micro-ondes de la propagande. Et certains grands médias dans toute leur petitesse habituelle, ont superbement rempli ce rôle. Le sentiment, sa canalisation médicamenteuse (c’est à dire médiatique et orchestrée), au lieu et place de l’analyse et du raisonnement. (...)

C’est alors ainsi que le (politiquement) lugubre Samaras, est venue défendre la dignité et la liberté d’expression, lorsque sa politique troïkanne a déjà fait dégringoler la Grèce de plusieurs places quant à l’exercice d’un journalisme digne de ce nom, et lorsqu’il se pratique du pouvoir transformé une partie de la Police en bataillons prétoriens lesquelles maltraitent et agressent les citoyens (et les non citoyens), tout comme les journalistes de terrain. Au pays d’Antonis Samaras, il y a certains journalistes, d’ailleurs parfois proches de l’esprit de Charlie Hebdo, qui sont devenus handicapés, après avoir... rencontré les RoboCops des unités MAT (CRS). Et il y a en a d’autres, dont la vie a été sauvée in extremis par les médecins et alors parfois par le hasard.

Pis encore, la politique de son gouvernement (et de la Troïka) sont responsables de quelques milliers de morts ici, par suicide, par maladies non traitées (25% de la population n’a plus de couverture Santé), et des pathologies déclenchées ou aggravées par la “crise”. Ce dernier terme relève comme on sait de l’euphémisme en cours, d’usage pour designer une politique sciemment programmée car issue de l’intégrisme du financierisme, tout autant hétéronome (les sociétés ne sont pas gérées par elles-mêmes et elles n’ont pas la maîtrise de leurs lois) que l’intégrisme se réclament d’une certaine interprétation du fait religieux (déjà hétéronome par essence). (...)

Étrange alors coïncidence. Au moment où certains mouvements politiques depuis la Grèce et jusqu’à l’Espagne en passant par l’Italie, se rapprochent du (petit) pouvoir gouvernemental, se réclamant de l’imaginaire... parfois praticable, de la Dignité, de la Justice et de la Démocratie, voilà qu’un nouveau facteur intégral et intégriste (toutefois prévisible), restructurerait en quelque sorte les imaginaires, les prenant ainsi par la main... invisible du dit marché. Et à l’opposé d’une telle vision, bien nombreux et heureux ont été ceux qui ont découvert à Paris dimanche, le manifestant et Résistant (aussi) de l’autre guerre d’il y a 75 ans, Manólis Glézos (actuellement député européen SYRIZA), loin des officiels et de leur sens trop commun. Alors, Dignité, Justice et Démocratie.

D’où, tout l’intérêt, authentiquement européen des élections grecques du 25 janvier. (...)

L’argument avancé par SYRIZA est le suivant : puisque la Grèce est devenue déjà le laboratoire le plus avancée de la nouvelle Europe (méta-démocratie, paupérisation, répression, gestion de la société par la peur, abolition des droits et des libertés...), eh bien, elle peut autant devenir son contre-laboratoire de la relève sans l’austérité.

Rien n’est très évident dans cela, et je ne suis pas le seul à émettre certains doutes quant à la faisabilité du projet sans dislocation de l’Union européenne (car la dislocation de la zone euro conduirait mathématiquement à celle de l’UE). Pour le moment c’est tout le contraire qui semble se profiler, et même une partie des médias et des analystes (et parfois politiques) en Allemagne, ne considèrent plus SYRIZA comme un épouvantail, et ne pensent pas que la Grèce quittera l’Euro. (...)