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Reporterre
Connaître les saboteurs de climat pour les empêcher de nuire
Article mis en ligne le 24 novembre 2015

Ils sont les fauteurs oubliés du changement climatique : banques, industriels du pétrole et du charbon... Et pourtant, moins d’une centaine de ces multinationales sont responsables des deux-tiers des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Dans Les saboteurs du climat, enquête documentée et chiffrée, le journaliste Nicolas de la Casinière les tire de l’anonymat.

(...) L’auteur, Nicolas de La Casinière, qui est correspondant à Nantes de Libération et de... Reporterre, rappelle d’emblée une donnée trop vite oubliée : même si tout le monde est peu ou prou responsable de la catastrophe climatique annoncée, 90 grands groupes mondiaux sont à l’origine des deux-tiers des émissions de gaz à effet de serre ! Ces entreprises – qui touchent au pétrole, charbon, pneumatiques, etc – ne sont guère vertueuses, même si elles prétendent souvent le contraire. Et parmi cette cohorte de « saboteurs », certains sont français, et quelques-uns ont même l’État comme actionnaire minoritaire ! (...)

Ce sont ces mauvais exemples hexagonaux que le livre pointe principalement du doigt.

 On y retrouve bien sûr le groupe Total en bonne place, qui n’hésite pas à se lancer dans l’exploitation des sables bitumineux et souhaiterait bien s’attaquer au gaz de l’Arctique...

 On y croise le beaucoup moins connu groupe familial Sparkling Capital, fondé en 2009, qui s’est spécialisé dans cette industrie délaissée par d’autres : les charbonnages. (...)

 EDF ou Engie (ex GDF-Suez) « détiennent, totalement ou partiellement, ou via des filiales, 46 centrales à charbon émettant plus de 151 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de près de la moitié des émissions totales de la France ». (...)

Faut-il pour autant être pessimiste ? Il y a tout de même des progrès ici ou là. Certains saboteurs se rendent compte que leur image est en jeu. D’autres cèdent devant l’action des écologistes. C’est ainsi que l’association Bizi !, en annonçant à l’avance les actions qu’elle allait entreprendre, a poussé la Société générale à renoncer à financer un projet charbonnier australien. Même Total a décidé de se désengager de la production de charbon en Afrique du Sud. Et Michelin, autre saboteur notoire, ne cultive presque plus en direct l’hévéa (tout en continuant bien sûr à en consommer). L’industriel du pneumatique a même piloté en Indonésie un projet de reforestation (...)

l’auteur a parfaitement raison lorsqu’il décrit tous les artifices de la communication qui permettent à ces grands groupes de s’auto-décerner des labels verts, ou de présenter leur action comme « responsable ». Et lorsqu’il relève que des entreprises comme le cimentier Lafarge, le sidérurgiste Arcelor-Mittal ou GDF-Suez ont financé tout récemment les sénateurs états-uniens les plus climatosceptiques, on tombe des nues et on se dit que le climat, malgré toutes les COP, est encore un combat à venir.