
L’art paléolithique, en particulier ses œuvres pariétales, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Depuis des décennies, les meilleurs spécialistes ont tenté d’en déchiffrer le sens et, si certaines interprétations un temps privilégiées sont aujourd’hui écartées, aucun consensus ne s’est jamais dégagé. Avec cette somme aux proportions monumentales (plus de 2 millions de caractères, environ 3000 références bibliographiques et près de 400 illustrations), l’anthropologue, mythologue et préhistorien Jean-Loïc Le Quellec entend relever le double défi de dresser un bilan critique du débat et d’y apporter des éléments nouveaux.
À cette fin, l’auteur n’hésite pas à ouvrir sa démonstration par un examen détaillé des problèmes que soulèvent les données elles-mêmes, à commencer par ceux, souvent sous-estimés, qui concernent leur datation. Il inventorie ensuite ce que l’on voit dans les œuvres pariétales, mais aussi ce que l’on a parfois cru y voir à tort, en soulignant notamment les biais qui grèvent des raisonnements établis à partir de relevés plus ou moins fidèles et non des réalisations originales.
Une volumineuse base de données permet d’effectuer plusieurs mises au point, par exemple en rappelant qu’une moitié des graphismes est formée de ce qu’il est convenu d’appeler des « signes » et que, faute de savoir s’ils symbolisent quelque chose, il vaudrait probablement mieux les désigner sous le nom de « motifs ». Quoi qu’il en soit, leur possible signification restera à jamais inaccessible. Cette revue méticuleuse remet également en question la rareté communément admise des humains dans l’art pariétal. (...)
Un exposé critique des diverses interprétations de l’art des cavernes proposées par le passé occupe la plus grande part de l’ouvrage. L’auteur se livre à un recensement méthodique, déployant une impressionnante érudition pour restituer l’histoire parfois méconnue de ces théories. (...)