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l’Humanité
Comment sauver le tissu associatif français ?
Article mis en ligne le 21 novembre 2014

Une commission d’enquête parlementaire s’est penchée sur les difficultés des associations face à la crise. La commission d’enquête parlementaire, présidée par le député communiste Alain Bocquet, met sur la table cinquante-cinq propositions pour ce secteur, pris en tenaille par l’austérité et la marchandisation de ses champs d’activités. Le monde associatif salue ses propositions publiées jeudi 20 novembre. Mais il attend du gouvernement des mesures pour faire face à l’austérité et au désengagement des pouvoirs publics qui touchent tous les secteurs, de l’insertion au sport en passant par la culture ou la prévention.

Les notes et rapports commencent à s’accumuler. Après celui sur le choc administratif appliqué aux associations en début de mois, c’était ce jeudi autour de la commission d’enquête parlementaire sur « les difficultés du monde associatif » d’émettre ses cinquante-cinq propositions pour remédier à la sévère crise à laquelle doit faire face ce secteur. Un secteur qui n’est pas des moindres au vu des chiffres affichés (voir ci-contre). Les représentants du mouvement associatif ont jusqu’à présent toujours vanté le caractère résistant et résilient à la crise de leurs activités. Mais pour la première fois et malgré le nombre record de création d’associations en 2013 (73000 créées), l’heure n’est plus à fanfaronner. Après avoir crû deux fois et demie plus vite que dans le secteur privé entre 2008 et 2010, l’emploi associatif stagnait. Le premier semestre consacre une première baisse des effectifs. Ce voyant rouge indique qu’après avoir tapé dans leurs réserves, parfois dans leurs patrimoines, les structures les plus faibles commencent à flancher. Si ses homologues restent prudents, le Collectif des associations citoyennes parle, lui, d’un plan social silencieux à venir, de 200 000 à 250 000 emplois supprimés. De fait, chaque semaine remonte des collectivités territoriales une litanie de diminutions des fonds publics consacrés aux associations. 520000 euros de moins à Montmorillon (Vienne) ; moins 10 % de subventions dans le Nord, idem à Montluçon ; moins 5% à Graulhet... Petit à petit, le plan d’économies de 21 milliards annoncé par le gouvernement pour financer son pacte de responsabilité assèche l’action publique. Les villes, départements, régions, se voient privés pour l’an prochain de 3,7 milliards d’euros de dotations de l’État. Chacune de ces strates administratives répercute l’austérité, mettant à mal le contrat social liant jusqu’à présent la puissance publique au mouvement associatif pour répondre aux besoins sociaux et de citoyenneté.

Par un effet de vague, ce tsunami budgétaire commence à toucher au coeur le mouvement associatif. (...)

À la lame de la diminution des financements publics s’ajoute celle du changement de relation entre les associations et la puissance publique. Cette dernière envisage désormais ses partenaires comme des prestataires de services chargés de remplir les missions de service public dont elles ne veulent plus.
« En période de crise, la vie associative est un rempart à l’individualisme et au repli sur soi ». Alain Bocquet, président de la commission parlementaire.

L’utilité sociale est passée par pertes et profits. (...)

. Les associations se retrouvent souvent en concurrence entre elles ou face à des acteurs privés sur les marchés les plus rentables, comme ceux dans le tourisme ou l’aide à domicile. « On croit faire des économies en choisissant le mieux-disant économique. Mais c’est souvent un choix à court terme qui coûte cher au final (...)

À cet effet ciseaux s’ajoute une troisième coupure : celle de la réforme territoriale à venir qui, en redistribuant les responsabilités entre les collectivités, laisse les associations dans l’incertitude de l’identité de leurs interlocuteurs.

C’est donc peu dire que le monde associatif attend beaucoup des récents rapports parlementaires. « Ils donnent du poids à la description de la situation et à la nécessité de tenir compte de notre secteur », se réjouit Nadia Bellaoui. La présidente du Mouvement associatif, qui fédère 600000 associations, y voit une seconde vertu. « Ils formalisent des propositions que nous avions préconisées, dont la mise en oeuvre est urgente, pour la sécurisation de nos financements, un accès plus simple aux fonds européens, pour faire vivre la charte des engagements réciproques entre pouvoirs publics et associations. »

Les propositions de congé de quelques jours en faveur des salariés afin de mener des actions de bénévolat, comme l’ouverture d’un fonds de formation en faveur des dirigeants bénévoles d’association, pour soutenir l’engagement citoyen, sont aussi appréciées. « Le monde associatif doit s’emparer de tous ces outils pour qu’il trouve ensuite un débouché dans la loi ou les réglementations », appelle de ses voeux Alain Bocquet, président de la commission d’enquête parlementaire. À entendre Françoise Dumas, rapporteure des travaux rendus par les députés, certaines mesures pourront s’intégrer rapidement dans les projets de loi sur la réforme territoriale ou dans les mesures de simplification.

« Il y a certes des avancées, mesure Didier Minot, membre du Collectif des associations citoyennes. Mais on ne s’attaque pas au coeur du problème : l’offensive libérale pour faire entrer l’action des associations dans le secteur marchand. » (...)