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Comment les conflits d’intérêt et l’intransigeance des labos minent la réputation des vaccins
Article mis en ligne le 15 juin 2015
dernière modification le 11 juin 2015

Au prétexte de ne pas accroître les peurs et de ne pas prêter le flanc aux attaques des mouvements anti-vaccins, les autorités de santé et les labos pharmaceutiques discréditent toute critique et interrogation sur certains produits. Voire s’enferment dans le déni. « Cela fait gagner du temps de dire qu’il n’y a pas de problèmes », estime un pédiatre. Pour ne rien arranger, à cette indifférence s’ajoutent plusieurs cas de conflits d’intérêts entre experts chargés d’évaluer l’efficacité d’un vaccin et l’industrie pharmaceutique. A quand une véritable transparence et des études indépendantes ? Suite de notre enquête.

(...) C’est souvent un véritable parcours du combattant qui se dresse devant les victimes. Elles sont ainsi plusieurs dizaines à tenter d’obtenir la reconnaissance de leurs effets secondaires et une indemnisation pour les préjudices subis [1], parfois grâce à une procédure judiciaire. Une voie juridique incontournable alors que les autorités et le monde médical semblent hermétiques à leurs revendications. Leurs symptômes seraient de toute façon apparus puisqu’elles portaient en elles la maladie, leur répondent les experts. L’aluminium n’est en aucun cas un problème. Alors pourquoi chercher plus loin ?
Jouer sur la communication plutôt que financer les recherches

Avant le tribunal, la bataille se mène sur le terrain de la communication. Loin d’être neutres, les autorités sanitaires y participent allègrement en faveur d’un certain point de vue. Leur but : dissiper les critiques qui entourent certains vaccins, plutôt que faire avancer les connaissances sur ces sujets ! (...)

le plus grand défi des agences de santé : si elles reconnaissaient qu’il y a parfois des effets secondaires, le doute et les critiques risqueraient de s’accroître. Au final, la couverture vaccinale pourrait diminuer, et certaines maladies seraient susceptibles de réapparaître. « Si on commence à dire qu’il y a de petits inconvénients, les gens vont commencer à se documenter, à aller voir le « docteur Google », explique le pédiatre Dominique le Houézec. C’est pourquoi le message du Ministère de la Santé doit être clair, ferme et sans nuance aucune, car il est envoyé à 60 millions de personnes. »
Des experts financés par les labos ?

Mais cette exigence de santé publique n’explique pas tout. Pour comprendre ce déni ou cette indifférence, il faut regarder du côté des experts chargés d’évaluer les vaccins. Plusieurs scientifiques du Comité technique des vaccinations (CTV) ont été soutenus, dans leurs travaux de recherche, par de grandes firmes pharmaceutiques.(...)

Ces liens avec l’industrie pharmaceutique sont-ils susceptibles d’altérer le jugement des experts sur la question ? « Si les travaux que la personne a menés concerne un vaccin qui est étudié, elle est en conflit d’intérêts, elle ne participe pas aux débats, au sein du Comité technique des vaccinations chargé d’évaluer la balance entre les risques et les bénéfices d’un vaccin, précise Daniel Floret qui rappelle que chaque expert du CTV est obligé de déclarer publiquement d’éventuels liens d’intérêts avec les laboratoires. Ce n’est pas parce qu’il y a un conflit d’intérêts sur un dossier qu’il y en aura sur tout. »

Cela explique par exemple que Brigitte Autran puisse participer à la rédaction d’un rapport publié en février 2015 sur le vaccin Hexavyon, produit par Sanofi-Pasteur... alors que ses recherches ont déjà été subventionnées par ce laboratoire. « Même si l’experte n’a pas travaillé directement sur ce vaccin, il y a une proximité entre elle et l’industrie pharmaceutique », estime Didier Lambert, président de l’association d’entraide aux malades de myofasciites à macrophages (E3M), une maladie dont, pour ceux qui en sont victimes, la cause présumée serait l’aluminium présent dans les vaccins (voir le premier volet de l’enquête).
« Les industriels arrosent de fric les leaders d’opinion »

D’autres exemples sont encore plus éloquents. En novembre 2006, le Gardasil est examiné par l’Affsaps, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé [5], pour décider de sa mise sur le marché. Sur les 25 experts réunis autour de la table, six travailleraient ou seraient rémunérés par le groupe Sanofi, révèle en mai 2014 le magazine Lyon capitale [6]. Bizarrement, aucun débat n’a eu lieu, note le journal qui s’est procuré le rapport de la commission. Et cela, alors même que les études sur l’efficacité du vaccin ne sont à cette date pas achevées.

D’après Lyon capitale, au moins 13 experts ayant participé à cette commission auraient été, les années suivantes, rémunérés pour leurs travaux par Sanofi. (...)

Le Gardasil, bientôt administré aussi aux garçons ?

Pourtant, les critiques sur le Gardasil ne manquent pas, notamment en haut de la hiérarchie. La gynécologue Diane Harper, qui a participé aux essais de ce vaccin aux États-Unis a dénoncé son inefficacité : « Comparé au nombre de décès liés au cancer du col qu’il permet d’éviter, ce vaccin a été associé à beaucoup trop d’effets secondaires graves » [8]. Aux États-Unis, en 2013, le système de pharmacovigilance relevait plus de 32 000 effets secondaires, dont 587 où le pronostic vital était engagé, et 148 décès. En France, l’eurodéputée écologiste Michèle Rivasi a demandé un moratoire sur le Gardasil. 500 médecins ont signé une pétition dénonçant son inefficacité [9](...)

Malgré tout, le Gardasil continue d’être administré. Les autorités envisagent même de le recommander auprès des jeunes garçons, afin de diminuer davantage les risques de propagation du papillomavirus humain [10] Pour les labos, les sommes en jeu sont faramineuses. (...)

Des alternatives à l’aluminium ?

Bien que l’aluminium soit de plus en plus décrié, peu de laboratoires tentent de développer des vaccins à base d’autres adjuvants. Des alternatives sont pourtant possibles. (...)

« Le retrait ou le remplacement des adjuvants à base d’aluminium nécessiteraient de longues et complexes études en termes de formulation, d’études précliniques et cliniques, indique Sanofi, par l’intermédiaire de son service de communication. Le profil de tolérance devrait être au moins égal à celui des adjuvants aluminiques. Le développement d’une alternative représente donc un vrai challenge et prendrait très certainement un minimum de 10 à 20 ans compte tenu de la complexité et du nombre de vaccins concernés. » De toute façon, juge le laboratoire, « les éléments disponibles (problématique franco-française et absence de lien entre aluminium et syndrome clinique décrit) ne justifient pas l’engagement de tels programmes de développement. ». Toute alternative est enterrée.
« Le ministère de la Santé m’incite à ne pas en parler »

Si les vaccins provoquent de nombreuses inquiétudes, c’est aussi parce que le corps médical semble parfois réticent à reconnaître l’existence d’effets secondaires. « C’est plus simple de ne pas en parler, ça évite des discours, des explications, ça fait gagner du temps de dire qu’il n’y a pas de problèmes, souligne le pédiatre Dominique le Houézec. Et puis ce sont les recommandations officielles : en tant que médecin, le ministère de la Santé m’incite à le faire. Si je ne le fais pas, je ne suis pas dans les clous. »(...)

Les médecins sont aussi des cibles privilégiées des laboratoires. Et cela, dès leurs études : « Les enseignements post-universitaires sont souvent financés par l’industrie. Les visiteurs médicaux des laboratoires vont dans les services, ils paient à boire, vous présentent le produit, les internes sont là, les futurs médecins sont là : ils se disent que le produit présenté est plutôt pas mal... ! » Puis l’influence se poursuit dans les journaux médicaux que les médecins reçoivent à leur cabinet. (...)

Des enfants vaccinés à l’insu des parents ?

Pourtant, de plus en plus de médecins semblent promouvoir une vaccination plus raisonnée. Ils regrettent le regroupement des vaccins dans une même injection, qui oblige souvent les parents à faire vacciner leur enfant contre l’hépatite B, à leur insu. « Beaucoup de parents ne savent même pas que leur enfant est vacciné contre cette maladie. Déontologiquement, ce n’est pas acceptable. Les médecins leur disent : « la prochaine fois, rapportez ce vaccin, et circulez ! », raconte Dominique le Houézec.

Ce dernier préfère expliquer aux parents qu’il n’est pas favorable à l’injection systématique de ce vaccin contre l’hépatite B chez les enfants. (...)

Des précautions individuelles

En attendant que les autorités sanitaires et les laboratoires évoluent sur la question, les individus peuvent prendre des précautions. « Surtout, il ne faut pas être dans un état inflammatoire avant un vaccin, note Didier Lambert. Il ne faut pas non plus pratiquer une activité physique après la vaccination. » Boire de l’eau minérale chargée en silice aiderait également le corps à évacuer l’aluminium contenu dans l’adjuvant. Des conseils qui permettraient de réduire les risques...

Marie-Océane Bourguignon a aujourd’hui 20 ans. Elle est en classe de terminale et tente de reprendre un rythme normal. Reconnue handicapée à 79%, elle est toujours sujette à des insomnies, des vertiges ou de fortes fatigues, qui l’obligent parfois à suivre les cours à distance. « Dès qu’elle n’est pas bien, on a peur qu’elle fasse une attaque, indique son père. Mais l’encéphalomyélite s’est progressivement estompée. » La famille Bourguignon a refusé l’argent de l’Oniam, l’organisme chargé de l’indemnisation des victimes d’accidents médicaux. « On allait recevoir 10 000 ou 20 000 euros, et être obligés de se taire, explique son père. Les gens devaient savoir. » Combien d’alertes devront être lancées pour que les autorités s’emparent réellement des problèmes posés par certains vaccins ? Et que des études indépendantes soient diligentées pour faire la part entre preuves scientifiques et sentiment d’inquiétude plus ou moins étayé ?