
Récit d’une manifestation parisienne ce 21 octobre, réunissant lycéens, étudiants ou salariés, et d’une interpellation « préventive ». Ou comment les « forces de l’ordre » et le pouvoir jouent la stratégie de la tension.
Tout guilleret, en ce jeudi 21 octobre, je m’en allai vers une énième manifestation de jeunes irresponsables. À l’appel de syndicats lycéens (UNL et FIDL) et étudiant (UNEF), entre 4.000 et 17.000 personnes (à vous de savoir pour qui) défilaient du métro Jussieu jusqu’à la place Denfert-Rochereau. Le service d’ordre en tête de cortège est assuré par la FSU, la CGT, la CFDT et l’UNSA. Les secteurs de l’éducation, des impôts et des Telécoms sont également présents, dispersés sous les drapeaux Sud, CNT, PC, CGT ou educ’action.
C’est donc dans l’espoir de glaner ça et là, pour Basta !, quelques échos de slogans et de témoignages (...)
Puis la plaisanterie commence à durer, l’humour cynique du début s’estompe. Surtout lorsque l’espace entre les deux cordons se resserre lentement. On se rend compte que le nombre de membres de ce « carré vip » s’est lui aussi réduit comme peau de chagrin. Des équipes de civils ont fait sortir les « lycéens » après avoir noté leur identité. Idem pour les autres personnes d’un certain âge. Ça ferait tâche. D’ailleurs : « S’il y a encore des journalistes, ils peuvent partir bien sûr », invite sans sourciller un policier. Les rares présents restent, comme une télé basque. « On veut voir ce qui se passe ». Mais pourquoi ne suis-je pas parti ? Peut-être aurais-je pu quémander l’immunité à une faute non commise comme les courageux journalistes matraqués le 12 octobre, place de la Bastille : « On est de la presse ! Nous tapez pas dessus, on est pas comme les autres ! ». Ha, suis-je bête, je n’ai pas de carte de presse...(...)
Même cette prof de maternelle n’est pas si inoffensive et honnête qu’elle en a l’air... Une vraie casseuse en puissance sous ses petite nattes. La police ne se trompe jamais. (...)
Faire monter la pression, exciter, provoquer... Attendre que « ça déborde ». Et si ça ne prend pas, interpellations préventives. Tristes symptômes d’un pouvoir aux abois. Dissuader : lycéens, n’allez plus en manif, c’est violent. Et bien sûr, faire du chiffre.
Faut croire que ça marche. Libération évoque « une partie (du cortège qui) veut en découdre avec les forces de l’ordre », et 20 minutes – mieux informé que les journalistes sur place - décrit : « arrivé place Denfert-Rochereau, le cortège se scinde en deux et des groupes de casseurs en profitent pour entrer dans la danse ».
Solo