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Comment intégrer les hommes, dont les auteurs de violences conjugales, dans les luttes féministes pour l’égalité ?
Article mis en ligne le 24 novembre 2018
dernière modification le 23 novembre 2018

Pour agir en faveur de l’égalité femmes-hommes, il est nécessaire de travailler avec les hommes, sur les représentations que ceux-ci ont d’eux-mêmes, sur les clichés liés à la virilité, sur les privilèges et les pouvoirs que la société leur octroie. Telle est la conviction d’Anaïs, David et Simon. Pratiquant l’éducation populaire, le trio travaille dans des centres sociaux, dans des prisons auprès de détenus condamnés pour violences conjugales, et dans le dialogue avec des familles, des pères, des conjoints… Ils développent des outils participatifs pour parler d’émancipation des femmes avec les hommes. Reportage dans un atelier de déconstruction des masculinités.

« Ce qui m’a interpellé dans cet atelier, c’est de déconstruire le rôle des hommes. On ne prend pas souvent les choses sous cet angle ». Floriane, 28 ans, est venue ce samedi matin dans un local associatif de l’Est parisien pour tester des outils d’animation sur les questions d’égalité femmes-hommes. Des outils qui se penchent non pas sur la situation des femmes, mais sur la, ou plutôt, les masculinités, les représentations et les manière d’agir associées à ce que c’est qu’être un homme, les privilèges, les obligations…

Ce jour-là, une dizaine de participants sont là, dont seulement deux hommes. Toutes et tous travaillent dans des centres sociaux, dans l’éducation populaire, au sein d’associations. « Dans nos ateliers précédents, il y avait beaucoup d’hommes. Nous leurs avons beaucoup donné la parole, mais il y avait des femmes pour leur répondre , précise Anaïs Enet-Andrade, l’une des animatrices de l’atelier. L’échange mixte est riche », ajoute-t-elle.

« Il ne s’agit pas de faire un café des messieurs »

Anaïs travaille dans une association de solidarité internationale, Quartiers du monde. Elle mène ce projet de développement d’outils participatifs sur les représentations des masculinités aux côtés de David, qui travaille dans un centre social parisien, et Simon Dubois-Yassa, qui anime dans la région de Toulouse des ateliers auprès d’hommes détenus, condamnés pour violences conjugales. (...)

« Dans mon centre social, je travaille beaucoup avec des adolescents et leurs parents, dans une perspective d’égalité femmes-hommes, une perspective de genres, sur les masculinités, dit aussi David. L’idée de nos ateliers, c’est de rayonner, que d’autres s’emparent de ces outils. Ce sont des outils participatifs, où l’on part de son vécu, dans le cadre d’une parole bienveillante. » Le terme de « parole bienveillante » revient régulièrement dans l’atelier, pensé pour être un lieu mixte d’échange et d’écoute mutuelle. « Mais il ne s’agit pas de faire un café des messieurs », souligne l’une des participantes.

« Percevoir l’égalité aussi en terme de complicité » (...)

« L’un des enjeux principaux de ces outils, c’est de voir ce que les hommes peuvent bouger, qu’ils perçoivent aussi les charges qui sont associées à leur statut d’homme, comme l’injonction “soit fort”, ajoute David. Parce que ce n’est pas facile de laisser la place quand on a le pouvoir, mais si on perçoit ce pouvoir aussi en terme de charges, cela peut être plus facile de bouger les choses. Au delà de la solidarité d’hommes avec les femmes, il s’agit de percevoir l’égalité en terme de complicité. On est ensemble. La remise en question ne doit pas se faire par simple solidarité, mais parce qu’en fait, on y gagne tous. » (...)

La « table du machisme » : misogynie, hétérosexualité compulsive, homophobie et sexisme (...)